Selon la conclusion de cette étude française, les violences faites aux femmes font malheureusement partie de notre société et il est donc essentiel que tous les professionnels de santé soient sensibilisés à ses effets délétères sur la santé des victimes.
Des chercheurs français ont mené une étude épidémiologique transversale, descriptive en milieu pénitentiaire, en cabinets de médecins généralistes et à l’hôpital, en services de gynécologie, pendant 8 mois, dans la région des Hauts-de-France. L’objectif était d’évaluer les taux de violences faites aux femmes, de décrire ces violences et les caractéristiques des femmes concernées.
Au total 251 femmes majeures (hors femmes enceintes consultant pour leur suivi de grossesse) ont rempli le questionnaire. Parmi elles, 59 étaient issues du centre pénitentiaire, 86 de consultations de médecine générale et 106 de services de gynécologie.
L’étude révèle des taux de violences importants. En effet, en prenant en compte l’ensemble de la population, plus de 73% des femmes subissent des violences verbales, plus de 40% des violences physiques, et presque 24% des violences sexuelles.
En analysant de plus près les différents secteurs, ce sont les femmes en centres pénitentiaires qui sont le plus touchées : 96,6% pour les violences verbales, 84,7% pour les violences physiques et 57,6% les violences sexuelles.
Selon le milieu concerné, la médiane d’âge le plus précoce des victimes de violences sexuelles se situait entre 10 ans et 13,5 ans.
Cette étude nous apprend aussi que les femmes concernées par les violences sexuelles, physiques, provenant le plus souvent de leur compagnon ou ex-compagnon, consultent peu un professionnel médical ou paramédical ou portent plainte. Elles sont également peu nombreuses à prendre contact avec une associations.
Le dépistage systématique des violences doit donc intégrer l’interrogatoire médicale, comme le rappelle la HAS dans ses recommandations de 2019.
Dans la plupart des cas, ces femmes, avec une pauvre estime d’elles-mêmes, ont donc besoin qu’un professionnel médical ou paramédical en face d’elle leur pose la question sur les violences systématiquement au moment de l’interrogatoire médical. Il s’agit d’ailleurs d’une recommandation de la HAS de 2019. Sans cela, ces femmes passeront entre les mailles du filet et n’auront pas ou peu d’opportunités de se sortir du cercle vicieux dans lequel elles se trouvent.
Il est aussi essentiel que les professionnels soient sensibilisés aux conséquences sur la santé des violences. Cette étude montre que les femmes concernées par les violences physiques et sexuelles étaient plus susceptibles de souffrir de dépression.