Selon le Baromètre santé 2016, 4,6% des femmes utilisent des méthodes de contraception naturelle ou barrière. Bien que ces alternatives soient moins fiables et plus contraignantes elles peuvent néanmoins correspondre à certaines périodes de la vie d’une femme. Que faut-il savoir sur ces méthodes pour diffuser une bonne information ? Les dernières RPC du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français nous aident à y voir plus clair.
Parmi les méthodes non médicalisées, on distingue les méthodes naturelles qui ne présentent aucune contre-indication, ni effet indésirable et les méthodes barrières. Elles diffèrent par leur utilisation et leur efficacité.
Les méthodes naturelles
Déterminer les périodes fertiles
Cette méthode repose sur l’identification de la glaire cervicale et la prise de température ou bien par calcul des jours fertiles. Elle consiste à éviter des rapports sexuels 5 jours avant et 1 jours après l’ovulation ou d’utiliser sur cette période des préservatifs ou une méthode barrière.
Pour son efficacité, le taux de grossesse, en pratique courante et régulière, serait de 4% en France. Mais il semblerait que tenir sur la durée augmente les risques de grossesses : dans l’enquête COCON, 48% des couples abandonnent cette contraception au bout d’un an.
Identifier les symptômes des périodes fertiles
Quatre méthodes utilisent les symptômes pour déterminer les périodes fertiles : Billings (appréciation de la modification et de l’aspect de la glaire cervicale), Two-Day Method ® (évaluation de la glaire cervicale avec un algorithme : « si la glaire est présente hier et aujourd’hui, la femme est « très fertile » ; si la glaire est présente aujourd’hui ou hier, « elle est fertile » mais si il n’y a pas de glaire aujourd’hui ou hier, « la fertilité est basse »), la méthode de la température basale (prise quotidienne de la température, la montée thermique d’au moins 0,5°C est en corrélée au l’augmentation de progestérone. Les rapports sont possibles 3 jours après l’élévation de température), la méthode symptothermique (associe l’observation de la glaire le 1er jour de la période fertile et la température pour identifier le déterminer le dernier jour).
Les méthodes avec calendrier
L’OMS classe comme méthode traditionnelle celle d’Ogino Knauss. Ici, les femmes notent pendant 6 à 12 mois les cycles pour identifier les périodes à risque avant d’appliquer la méthode. La période fertile est alors calculée en retirant 20 jours du nombre du cycle le plus court, et 10 pour la fin de la période fertile du cycle le plus long.
Il existe une autre option basée sur le calendrier : la méthode des jours fixes (ou Standard Day Method ®). Dans ce cas, il est question « d’éviter les rapports sexuels non protégés entre le 8e et 19e jour pour des femmes ayant des cycles de 26 à 32 jours ».
Les moniteurs pour aider au repérage
Plus technique, cette méthode aide à identifier dans les urines le pic de LH (hormone lutéinisante). D’autres appareils sont plus perfectionnés et mesurent la LH et l’oestrone 3 gluronide.
Calendrier, symptômes, périodes fertiles et moniteurs : quelle efficacité ?
Il est important de connaître chacune des méthodes pour en expliquer les modalités aux patientes. Elles doivent savoir aussi que leur efficacité est moindre comparativement à une contraception hormonale ou DIU. Ainsi, elles peuvent aussi en parallèle, recourir à une méthode barrière pour augmenter l’efficacité.
MAMA ou la méthode de l’allaitement et de l’aménorrhée
Cette méthode serait fiable à 98% à condition de respecter rigoureusement des critères spécifiques : la patiente se situe dans les 6 premiers mois après l’accouchement, elle est en aménorrhée, et son allaitement est exclusif, complet ou quasi-complet, il n’y a pas plus de 4 à 6h d’intervalle de temps entre les tétées de jour comme de nuit.
Pour l’utilisation d’un tire-lait en remplissant les mêmes conditions, les études ne permettent pas de conclure sur le même type d’efficacité contraceptif.
La méthode du retrait
Le coït interrompu n’est pas recommandé comme une méthode de contraception, son taux d’efficacité est faible (Avis d’expert). Son efficacité serait évalué à 4%, lorsque la pratique est correcte et régulière.
Les méthodes barrière
Le diaphragme et la cape cervicale
Ce sont des barrières physiques qui permettent d’éviter le contact entre le sperme et le col de l’utérus. Il est recommandé d’utiliser en parallèle un spermicide pour augmenter leur efficacité.
Diaphragme ou cape peut se placer au moment du rapport ou 2 heures avant et doivent rester dans les 6 heures suivant le rapport le retrait peut se faire jusqu’à 24h après (pour la cape 48h). En utilisant le diaphragme associé au spermicide, le taux de grossesse est estimé à 6% en pratique courant et régulière mais peut monter à 12% en utilisation en pratique courante. Concernant la cape et spermicide, le taux de grossesse varie en fonction de la parité de la patiente (26% nullipare, 9% multipare).
Ces méthodes nécessitent quelques précautions d’emploi. En effet, elles ne s’utilisent pas dans les 6 semaines suivant un accouchant, ni chez les patiente ayant un prolapsus ou une malformation vaginale. La cape est quant à elle contre indiquée en cas de néoplasie intra-épithéliale cervicale. L’infection au VIH est également une contre-indication mais en lien avec le spermicide qui pourrait aggraver le risque de lésions vaginales et de transmission au partenaire. Il existe peu d’effet ou de risque induits par ces méthodes. Néanmoins, des études ont montré des risques majorés d’infections urinaires à E.coli avec le diaphragme et un risque faible ( 2 ou 3 cas pour 100 000 femmes par an) de choc toxique, hors période des règles.
Le spermicide
Il existe sous différentes formes (gel, ovule, crème, film, mousse, éponge). Déposé sur la muqueuse vaginale, son rôle est de détruire les spermatozoïdes et ainsi de les empêcher d’évoluer dans la filière génitale et de féconder. Avec une utilisation courante et régulière, le taux de grossesse est estimé à 18%. Leur efficacité étant faible, il n’est pas recommandé de l’utiliser sans le combiner à une autre méthode.
Les préservatifs
Le préservatif féminin comme masculin ont l’avantage d’offrir une double protection : contraceptif et contre les IST et VIH. Avec une bonne utilisation, ils restent plutôt efficaces (2% de grossesse en pratique courante et régulière avec le préservatif masculin et 5% pour le préservatif féminin). Hormis l’allergie ou la sensibilité aux composants, ils ne comportent pas de contre-indication ou bien de risque. Entre le préservatif féminin ou masculin, pour le moment les études ne permettent pas de conclure sur la supériorité de l’un ou de l’autre en termes de prévention de grossesse, d’IST ou VIH.
Référence :
D.Hassoun. Méthodes de contraception naturelle et méthodes barrières. RPC contraception CNGOF. Gynecol Obstet Fertil Senol. 2018;46(12):873-882. doi: 10.1016/j.gofs.2018.10.002. PMID: 30389545