Depuis 2018, L’Association Professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile (APAAD) compile les données sur cette pratique. Que nous apportent elles ? Y a-t-il plus de risques pour les femmes et les nouveau-nés ? En voici, les résultats principaux pour 2021 et 2022.
Le rapport publié récemment par l’APAAD dresse un bilan épidémiologique 2021-2022 et une synthèse des 5 années de collecte.
Il s’agit d’une source de données unique en France qui permet de clarifier et d’évaluer avec objectivité l’accouchement à domicile encore aujoud’hui peu connu dans l’hexagone.
Le rapport est issu des données de 97 sages-femmes exerçant en France en 2021 et 89 en 2022.
Quelques chiffres pour 2021 et 2022
En 2021, chaque sage-femme a accompagné en moyenne 19 femmes enceintes en vue d’un AAD et 13 accouchements.
Initialement, 1814 femmes ont entrepris un suivi auprès des sages-femmes de l’APAAD. Du fait de facteurs de risque, 19,5% des femmes ont été orientées vers un parcours hospitalier. Près de 80,5% ont pu débuter un travail à domicile et 81,7% ont effectivement accouchement à domicile sans nécessité de transfert à la maternité.
En 2022, les sages-femmes ont suivi 16 femmes enceintes en vue d’un AAD et accompagné 11 accouchements.
Ce sont 1439 femmes qui ont entrepris un suivi, 20% ont été orientées en raison de facteurs de risque. Presque 80% ont débuté un travail à domicile et 83% ont accouché à la maison sans nécessité de transfert à la maternité.
Les chiffres sont sensiblement similaires. De façon globale :
- Une femme sur cinq qui a entrepris un suivi pour accoucher à domicile doit être finalement transférée à l’hôpital
- Une femme sur six doit être transférée pendant l’accouchement ou après
A quel moment sont transférées les parturientes et pourquoi ?
Plus de 2% des patientes (2,7% en 2021 et 2,2% en 2022) ont été transférées en urgence en per partum.
Dans la majorité des cas, le transfert des patientes en per partum sont liés à un défaut de progression de la dilatation ou besoin de soulagement de l’intensité des contractions.
En post-partum, la majorité des transferts maternels en post-partum sont en lien avec la délivrance et jusqu’à 0,6% des femmes doit être transférée à l’hôpital pour une hémorragie non jugulée. Ce faible pourcentage s’explique par le fait que les sages-femmes à domicile disposent de tout l’équipement nécessaire pour prendre en charge initiale sur le plan médicamenteux et technique l’hémorragie ainsi que la prévention du choc hypovolémique.
Le plus souvent, les nouveau-nés sont transférés en cas de détresse respiratoire, l’apparition de geignement ou bien en cas de dégradation secondaire du score de SIlverman. Les sages-femmes de l’association sont équipées depuis 2 ans d’un sac d’urgence de réanimation néonatale.
Pour les transferts en post-partum, c’est le SAMU, du fait du besoin des gestes d’urgence avancés sur place, qui est mobilisé contrairement au per partum où ce sont les secours mobiles et les pompiers.
Les transferts concernent surtout les primipares : en 2021 comme en 2022, une primipare a 6 fois plus de risque d’être transférée qu’une multipare.
Le rapport fait mention de l’IMC. Si celui-ci n’est pas à lui seul une cause de transfert, lorsqu’il est pathologique, il est pourvoyeur de plus de pathologies (diabète non équilibré, macrosomie, hypertension artérielle…) susceptibles d’augmenter le risque de transfert.
Des données essentielles pour répondre à la demande des parents
Selon les données de l’IFOP, il est impossible de répondre à la demande d’accouchement à domicile de 36% des Françaises. Ceci est lié à l’absence de cadre institutionnel, d’enseignements dédiés à cette pratique dans la formation
initiale des sages-femmes françaises ainsi que d’une assurance responsabilité civile professionnelle, malgré la possibilité légale de pratiquer ou vivre un accouchement à domicile.
Ce qui est mis en avant c’est le risque d’une perte de chance pour la mère et le nouveau-né lorsque l’accouchement est accompagné à domicile en raison du temps de transport.
La compilation de ces données est essentielle pour avancer, mettre en œuvre une organisation de sécurisation des naissances extrahospitalières. Pour le moment, peu de régions y travaillent activement.