« Comment vit-on sa maternité aujourd’hui ? » telle est la question à laquelle le CIANE (Collectif interassociatif autour de la naissance) a tenté de répondre à travers un questionnaire en ligne à destination des mères, ayant accouché dans les cinq dernières années. En voici les résultats principaux.
Avec le soutien de Santé publique France, le CIANE a relayé une enquête en 2021 destinée aux mères ayant accouché entre 2016 et 2021. Le but était d’identifier les facteurs de risque d’insécurité maternelle et de proposer des solutions dans l’organisation des soins. Au total, 8 500 mères ont répondu.
Manque de prise en compte de la douleur, non-respect du consentement…
Les mères interrogées étaient majoritairement représentées par des primipares. Selon les résultats de l’enquête, les difficultés rencontrées par les mères se situaient à divers niveaux.
Encore aujourd’hui, les mères ont eu du mal à identifier les professionnels adaptés à leur suivi de grossesse.
Pour les démarches administratives, plus de 30% des primipares et 25% des multipares ont présenté des difficultés pour comprendre leurs droits.
Près de 30%, des femmes n’ont pas choisi leur maternité, la raison la plus citée était le manque de maternité à proximité du lieu de résidence.
Malgré la dénonciation des violences obstétricales en 2018, 39% déclarent s’être senties non respectées pendant leur grossesse. Il s’agit de moquerie, de non-respect de la pudeur et du consentement, de gestes médicaux indélicats…
Le vécu à l’accouchement ne correspond pas toujours aux attentes des mères puisqu’il est plutôt mal voire très mal vécu pour 32% des primipares et 24% des multipares. Avec la préparation à la naissance ces chiffres chutent respectivement à 24 et 14%. La connaissance des conditions d’accouchement dans le lieu de naissance est aussi un facteur qui semble influencer le vécu d’accouchement puisque 70 % des femmes qui déclarent que ce qu’elles ont vécu était complètement différent de ce qu’elles en savaient ou de ce qu'elles croyaient assurent avoir "pas du tout bien" ou "plutôt pas bien" vécu leur accouchement. Elles ne sont que 12 % pour celles dont les attentes étaient conformes à la réalité.
Il est à noter aussi que 50 % des primipares et 42 % des multipares pensent qu’il aurait été utile de voir un ou une psychologue à la maternité.
Quelles actions concrètes pour inverses ces tendances ?
Pour mieux préparer les mères à l’accouchement, le CIANE propose 11 recommandations dont les principales sont:
- Mettre en place, par exemple via Ameli, un repérage des professionnels de santé assurant le suivi de la grossesse ;
- Améliorer la lisibilité des informations sur les aspects administratifs ;
- Soutenir la diversification des pratiques : naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile... ;
- Développer des modules de formation initiale et continue sur le respect, le consentement et la bienveillance.
Il existe pourtant des outils …
Comment pendant la grossesse avec autant de consultations, les échographies, l’entretien prénatal précoce, le bilan de prévention et les cours de préparation à la naissance, arrive-t-on à ces résultats insatisfaisants?
Dans l’Enquête Nationale Périnatale 2021, seuls 36,5% des femmes déclaraien avoir bénéficié d'un entretien prénatal précoce en 2021. Et en ce qui concerne les séances de préparation à la naissance et à la parentalité (PNP, elles sont très suivies par les primipares (80,3% d’entre elles) et beaucoup moins par les multipares (35,3%).
Si l’enquête du CIANE cerne les besoins des femmes, aujourd’hui la réflexion est de mise pour réinventer les outils afin de gagner en efficacité.