Dans le journal Midwifery, une équipe française a cherché à en savoir plus sur les pratiques des sages-femmes Françaises durant la phase d’expulsion.
Pour cela les auteurs ont interrogé 1550 sages-femmes de 377 maternités via une enquête Internet entre le 15 juin et le 1er décembre 2014. Tous les professionnels avaient assisté à au moins 1 accouchement en 2013.
Gynéco, 4 pattes, sur le côté… Quelles positions d’accouchement ?
Au final, pour 1496 participants, les positions d’accouchement horizontales prédominent :
86,7% ont recours à la position gynécologique avec les genoux tournés vers l’intérieur
80% à la position gynécologique
80% au décubitus latéral
79,8% au décubitus avec cale-pieds
Selon le type de maternité dans lequel les sages-femmes exercent, les pratiques diffèrent puisque dans les niveaux I des positions autres que le décubitus étaient plus souvent proposées, comparativement aux niveaux II et III.
Si les sages-femmes ne sont que 16,2% à déclarer laisser toujours le choix de position aux patientes, les auteurs montrent que là aussi, le niveau de maternité influe sur ce paramètre : 21% dans les niveaux I, 16,7% dans les niveaux II et 11,9% dans les niveaux III.
Par contre, ¼ des participants affirment ne jamais ou rarement laisser le choix.
En bloquant, en expirant : Quel type de poussée ?
Les auteurs avancent qu’1/3 des sages-femmes laissent choisir le type de poussée aux patientes et le plus souvent lorsqu’elles ont entre 6 et 15 ans d’expérience ou bien au-delà de 15 ans, comparativement à une pratique inférieure ou égale à 5 ans.
La poussée à glotte fermée est celle le plus souvent conseillée (avec 46,4% versus 25,1% à glotte ouverte), notamment dans les niveaux III.
Quant au temps de poussée, il est en moyenne de 35,3 minutes et quasiment toutes les sages-femmes encouragent les patientes durant les efforts expulsifs avec un taux de 94,7%.
Quelles techniques sur le périnée ?
- Pour le massage périnéal,53,5% des sages-femmes ont répondu ne pas le pratiquer. Parmi les professionnels ayant eu recours à cette technique, 1/3 avait une expérience inférieur ou égale à 5 ans.
- Les compresses chaudes sur le périnée au moment de l’accouchement sont utilisées par 24% des sages-femmes interrogées mais c’est dans les niveaux I où le taux est le plus important avec 33,6%.
- Le maintien de la tête à l’accouchement est la pratique courante (91,4%) tandis que la plupart (78,3%) n’utilisent pas ou que très rarement la manœuvre de Ritgen. Néanmoins lorsque le crochetage du menton est pratiqué, c’est par des sages-femmes avec une expérience de plus de 15 ans.
- Concernant la restitution spontanée de la tête, 30% répondent y avoir recours, 54,4% accompagnent avec une rotation et 13,2% pratiquent une restitution exagérée.
Que pensent les sages-femmes de leur pratique ?
Parmi les sages-femmes interrogées, 81,9% considèrent que leur accompagnement permet souvent ou toujours une naissance physiologique (86,9% dans les niveaux I vs 76,7% dans les niveaux III).
Si la majorité (61,8%) n’est pas à l’aise avec toutes les positions d’accouchement, celles rencontrant le moins de difficulté à adopter différentes positions sont les sages-femmes les plus anciennes (40,4%) et celles exerçant dans les niveaux I (48,4%).
Cette étude montre que l’expérience des sages-femmes tout comme le niveau de la maternité influencent les habitudes. Elle a le mérite de nous éclairer sur les pratiques des sages-femmes françaises, jusque-là peu documentées, et de fournir des données pour améliorer l’accompagnement des naissances.
Source :
Practices during the active second stage of labor: A survey of French midwives.
Midwifery. 2018 May;60:48-55. doi: 10.1016/j.midw.2018.02.001. Epub 2018 Feb 8.