À l’occasion du congrès « Infogyn » qui s’est déroulé à Pau en octobre dernier, une nouvelle option novatrice en matière de contraception féminine a été présentée et ses caractéristiques ont été expliquées par des spécialistes.
C’est lors d’un point presse organisé par le laboratoire Gedeon Richter lors des Infogyn que le Dr Gabriel André (gynécologue-obstétricien à Strasbourg), Dr Brigitte Letombe (gynécologue-obstétricien à Paris) et Pr Nathalie Chabbert-Buffet (endocrinologue à Paris) ont échangé sur une contraception féminine à base de drospirenone et estetrol mise sur le marché des états membres européens en 2021.
Cette nouvelle contraception contient 15 mg d’estetrol et 3 mg de drospirenone mais qu’apporte t-elle de plus pour les femmes ?
L’estétrol est un oestrogène naturel qui est synthétisé chez le fœtus en gestation qui présente plusieurs avantages comme l’explique Dr Gabriel André, elle n’interfère quasiment pas avec le métabolisme des cytocromes P450 et donc « qu’il n’y a pratiquement aucune interaction médicamenteuse ». Il ajoute que « pour l’estétrol, ce qui nous plait, c’est que nous avons un profil de comparaison avec une pilule à l’éthinylestradiol de référence qui est meilleur et nous sommes équivalent ou même mieux que l'œstradiol 17 beta. Ceci nous laisse entrevoir un risque thrombotique au moins égal, si ce n’est probablement, ou inférieur à nos pilules de référence ».
Quels effets sur les saignements et sur la prise de poids, glycémie ?
La pilule se prend pendant 28 jours avec un schéma de 24 comprimés actifs et 4 comprimés placebo. Pour les femmes qui préfèrent garder des saignements mensuels, Pr Chabbert-Buffet explique que les études de phase 2 montrent que « les schémas desaignement sont beaucoup moins réguliers et favorables ». Elle souligne que la contraception n’amène pas plus de dysfonctionnements métaboliques comparativement aux pilules oestroprogestatives, au contraire, elle présente « moins de variation notamment sur la glycémie. Idem sur la pression artérielle, pas de risque cardiovasculaire, pas de prise de poids ».
D’autres particularités ?
Ce combiné a la particularité de tolérer un oubli sur une période de 24 heures. Selon les travaux de Céline Bouchat, gynécologue au Canada, portant sur 300 patientes sur une période d’un an, la pilule ne nuit pas à la libido et elle n’a pas retrouvé, non plus, une majoration des signes dépressifs.
Quel impact écologique ?
À l’heure actuelle, on peut se poser la question sur l’impact environnement des médicaments. Comme l’explique Dr Gabriel André, en Suède, les médicaments ont un label d’écotoxicité, ce « qui fait que toutes les pilules avec l’éthinylestradiol ont un mauvais label parce que les Suédois peuvent choisir un médicament en fonction de son impact écologique ».
Même si en France, on en est pas encore là, il faut savoir l’estétrol est métabolisé immédiatement, il n’y a donc pas d’effets sur la faune et la flore.
Il existe par ailleurs un bémol. Pr Nathalie Chabbert-Buffet précise « que vu qu’elle n’est pas recommandée, c’est qu’elle n’est donc pas remboursée. On ne peut pas par exemple la donner à une jeune patiente qui ne gagne pas sa vie, qui dépend de ses parents et va se retrouver piégée lors de l’achat de la pilule à la pharmacie. »
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