Informer, guider, accompagner, orienter, autant d’actions à entreprendre au décours d’une consultation de contraception. Crainte d’effets secondaires, de complications ou simplement fausses croyances, les patientes ne doivent plus être victimes de désinformation. Surtout à l’heure où la défiance vis-à-vis des professionnels de santé se fait sentir.
L’information éclairée : une obligation
Lors d’une consultation, la patiente doit bénéficier d’une information complète et éclairée : le praticien lui fournit des renseignements sur la contraception choisie et les alternatives envisageables.
Il s’agit d’une obligation légale (Art L 1111-2 CSP) depuis la loi Kouchner du 4 mai 2002. La loi stipule qu’une personne doit être informée sur son état de santé à priori, c’est-à-dire, les investigations, traitements, leur utilité , leur urgence, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles, les autres solutions possibles et les conséquences prévisibles en cas de refus. Une personne doit aussi être informée sur son état de santé à posteriori, lorsque des risques nouveaux sont identifiés plusieurs années après.
Le b.a - ba de l’information
Lorsque la patiente a choisi sa méthode contraceptive, il est essentiel de lui transmettre au cours de l’entretien individuel :
L’explication du mécanisme d’action
Le mode d’emploi et les procédures de pose et retrait dans le cas d’une contraception intra-utérine ou de l’implant
Les bénéfices et risques
Les effets indésirables qu’ils soient exceptionnels ou de faible gravité
Les alternatives
Le coût, le remboursement
Toutes ces informations données sont consignées dans le dossier et relayées à la patiente par la remise d’un document sur les modalités de la contraception choisie. Il est possible de retrouver ces documents auprès de l’HAS, INPES, ANSM. Si la patiente est d’accord, il est préférable d’aviser, par courrier, le médecin généraliste de cette nouvelle prescription.
Le counselling : Evaluer les besoins et les attentes des patientes
Les consultations pour définir le choix contraceptif est un moment, d’échange et de dialogue. Le professionnel aide la patiente à prendre sa décision tout en prenant en compte les éventuelles contre-indications et sa réalité quotidienne. Il faut être attentif à des paramètres :
L’âge
Le tabagisme
Les antécédents personnels et familiaux (maladie chronique, thromboembolique,…)
Les expériences contraceptives (bénéfices, risques, rapport aux règles…)
Les situations personnelles et affectives : fréquence des rapports, projet d’enfant ou non, mode de vie, que ferait-elle en cas de grossesse ? …
Fournir l’information est essentielle mais cette obligation ne s’arrête pas là, « la patiente a-t-elle compris tout ce que je viens de lui expliquer ? ». C’est pourquoi, à la fin de la consultation, il faut s’assurer que l’information ait été comprise quant aux modalités d’utilisation de la contraception, sur l’anticipation du renouvellement d’ordonnance, la prévention des IST et du suivi médical ultérieur.
Les bénéfices de l’information et du counselling
Se sentir à l’aise avec une contraception, parce que l’on a compris les modalités, les bénéfices, les risques mais surtout parce qu’elle est personnalisée, est un atout majeur pour favoriser une efficacité optimum.
De fait, le temps employé à ce type de consultation est indispensable, comme le démontre des études. L’information éclairée associée au counselling , améliorerait la compliance de la patiente et favoriserait une durée d’utilisation plus longue de la contraception ce qui induit une plus grande efficacité.
Une information en bonne et due forme incite à choisir en toute connaissance de cause, sans biais ; L’étude CHOICE, réalisée auprès de 9256 femmes de 14 à 45 ans entre 2007 et 2011, a montré qu’avant l’étude, seules 5% des femmes utilisaient une méthode de contraception de longue durée, alors qu’après une information sur l’ensemble des méthodes, ce chiffre passait à 75%.
Dans cette stratégie du counselling, le travail s’axe aussi sur la prévention à plus long terme. Comment être sûre que la patiente reverra le gynécologue ou la sage-femme, en cas d’oubli de contraception, lorsque celle-ci est auto-arrêtable, ou bien lorsqu’il y a désir de grossesse ? Aucune certitude, c’est pourquoi, en prévention de grossesse non désirée ou de souhait de grossesse, le prescripteur peut rajouter sur l’ordonnance une contraception d’urgence et l’acide folique à débuter en préconceptionnel.
Sources :
Web débat du 8/11/2017 : Information éclairée et counselling en contraception : quelles implications en contraception ?
Dehlendorf C. et al. Shared decision making in contraceptive counseling.Contraception 2017 May;95(5):452-455. doi: 10.1016/ j. Contraception .2016.12.010. Epub 2017 Jan 6.
Dehlendorf C. et al. Association of the quality of interpersonal care during family planning counseling with contraceptive use. Am J Obstet Gynecol. 2016 Jul;215(1):78.e1-9. doi: 10.1016/j.ajog.2016.01.173. Epub 2016 Jan 28.
Schivone GB, Glish LL, Contraceptive counseling for continuation and satisfaction. Curr Opin Obstet Gynecol. 2017 Dec;29(6):443-448. doi: 10.1097/GCO.0000000000000408.