Avec un test moléculaire de dépistage de la grippe il est possible d’obtenir les résultats en 2 heures. Ce délai rapide permet-il d’obtenir une meilleure prise en charge des femmes enceintes ? Des chercheurs de Port-Royal ont évalué son impact.
Durant la période hivernale, les consultations pour fièvre, syndrome grippal… affluent aux urgences maternité. En attendant la confirmation du diagnostic de la grippe, les femmes enceintes sont souvent hospitalisées et traitées par antibiotiques. Dans certains cas, ces conduites à tenir sont injustifiées. À l’heure où l’antibiorésistance est une des principales causes de mortalité dans le monde, une équipe de la maternité Port-Royal, à Paris, a évalué l’impact d’un test de dépistage rapide de la grippe sur le taux d’hospitalisation et de traitement. Ce test PCR en temps réel permet d’obtenir les résultats en 2 heures, 7j/7 et 24h/24 pendant les épidémies grippales, alors que le délai du test par PCR standard s’étend entre 12 et 24 heures et uniquement en jours ouvrables.
Cette étude rétrospective monocentrique (Port-Royal) a inclus des femmes enceintes atteintes d'une fièvre isolée (≥ 38°C) ou d'un syndrome grippal isolé (fièvre à la maison, frissons, douleurs musculaires, douleur musculaire, maux de tête, toux ou asthénie) ayant bénéficié d’un test PCR au service des urgences pour diagnostiquer la grippe lors des périodes d’épidémie de grippe de décembre 2012 à mars 2017. Les patientes chez qui une autre infection évidente a été diagnostiquée ont été exclues.
Réduction des hospitalisations et des antibiothérapies
Les chercheurs ont comparé 2 périodes, avant et après introduction du test rapide correspondant respectivement à la période décembre 2012 -mars 2014, (38 patientes) et à janvier 2015- mars 2017, (124 patientes).
Ils ont constaté que le taux d’hospitalisation était plus élevé dans le 1er groupe (parmi les patientes incluses 71% vs 44,3% et parmi les cas de grippe confirmés 83,3% vs 38,5%).
Cette différence a aussi été observée sur le taux de traitement. En effet, le taux d’administration d’antibiotiques était plus élevé dans le groupe avant l’initiation du test (86,8 % vs 56,1% et chez les patientes atteintes de grippe confirmée par le test, 91,7% vs 44,7%).
Si ce test de dépistage rapide est plus couteux, ses avantages médicaux et économiques l’emportent. D’ailleurs l’équipe investigatrice a fait le choix de l’intégrer dans sa pratique quotidienne !
Source :
Communiqué de presse « Etude de l’impact d’un test rapide moléculaire de la grippe dans le diagnostic et la prise en charge de patientes enceintes » - aphp
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