Différentes antibioprophylaxies, utilisées en cas de rupture prématurée des membranes, entre 24 et 31 SA, ont été comparées pour connaître qu’elles étaient celles ayant les meilleurs résultats obstétricaux et néonataux.
La rupture prématurée des membranes favorise les naissances prématurées. Elle concerne - avant 37 SA - 3% des grossesses et expose au risque d’infection intra-utérine. Pour réduire ce risque, une antibioprophylaxie est mise en place. Mais quelle est celle qui pemet les meilleurs résultats obstétricaux et néonataux ?
Pour répondre à cette question, une étude menée sur la cohorte EPIPAGE 2 a comparé différentes antibioprophylaxies.
L’étude a comparé l’amoxicilline, les macrolides et la clindamycine, les céphalosporines de 3e génération et d’autres antbiotiques
Dans cette analyse, 492 femmes enceintes d’un singleton ont été incluses. Elles avaient rompu la poche des eaux entre 24 et 31 SA et elles ont accouché entre 24 et 34 SA.
Quatre types d’antibiothérapie ont été comparés dans cette étude dans des groupes semblables en termes de caractéristiques maternelles, obstétricales et neonatales:
- L’amoxicilline a été prise par 345 des femmes
- Les macrolides et la clindamycine ont été administrés à 30 femmes
- Les céphalosporines de 3e génération a été données à 45 femmes
- Des associations d’antibiotiques couvrant le Streptococcus agalactiae et l’Escherichia coli ont été administrés à 72 femmes
Les femmes ayant été traitées par l’amoxicilline et l’acide clavunique ont été exclues de l’étude pour le risque accru d’entérocolite ulcéro-nécrosante néonatale.
La survie est améliorée avec les céphalosporines de 3e génération et les associations d’antibiotiques
Les différences les plus significatives concernaient la survie sans morbidité sevère. Plus de 93% des nouveau-nés ont survécu sans pathologie sévère avec les céphalosporines de 3e génération et 86% avec des associations d’antibiotiques. Les résultats étaient moindres avec l’amoxicilline, ils étaient 78,5% et presque 84% avec les macrolides.
Les céphalosporines de 3e génération et les associations d’antibiotiques étaient associés à une amèlioration de la survie sans morbidité sévère (risque relatif ajusté 1,25 [intervalle de confiance à 95 % 1,08-1,45] et 1,10 [intervalle de confiance à 95 % 1,01-1,20], respectivement ) par rapport à l'amoxicilline.
Quelles différences sur l’évolution neurodéveloppementale des enfants âgés de deux ans ?
Cette analyse a aussi cherché à déterminer quelle antibioprophylaxie était associée à un meilleur bilan neurologique à l’âge de 2 ans.
Parmi les mères traitées à l’amoxicilline, 83,9% des enfants ne présentaient pas de déficience neurosensorielle, ils étaient 84,8% dans le groupe macrolides-clindamycine, 89,5% dans le groupe céphalosporine de 3e génération et 88,8% dans le groupe d’association d’antibiotiques. Si l’on peut déduire que les groupes amoxicilline et macrolides-clindamycine entraînaient un développement neurocomportement plus faible à 2 ans, il faut toutefois prendre ces résultats avec prudence car des facteurs qui pouvaient être associés à des résultats neurodéveloppementaux n’ont pas été pris en compte. Aussi, l’évaluation neurodéveloppementale a été réalisée à l’aide d’un questionnaire parentale (deuxième version du questionnaire Ages and Stages (ASQ)) dont les résultats doivent être confirmés par une évaluation cognitive par un neuropsychologue lors du suivi de 5 ans.
Quels antibiotiques choisir ?
Pour l’heure, cette étude ne vise pas à faire changer les pratiques. Si les céphalosporines de 3e génération semblent apporter de meilleures résultats pour la survie des nouveau-nés sans morbidité, ces antibiotiques sont à larges spectres et peuvent impacter le microbiote intestinal maternel et néonatal. De plus, pour apporter les meilleurs résultats en ne nuisant pas, il est necessaire d’approfondir les recherches pour déterminer la posologie optimale ainsi que la durée du traitement.
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