Lorsqu' une patiente rompt la poche des eaux après 37 semaines d’aménorrhées, 3 questions peuvent se poser : Doit-on déclencher ? Doit-on attendre jusqu’à la mise en travail ? Si expectative, quel délai attendre 12, 24h ? Le point avec les recommandations pour la pratique clinique du CNGOF.
La prise en charge d’une patiente ayant rompu la poche des eaux à terme diffère selon les équipes. Certaines sont plus interventionnistes, d’autres visent l’expectative en l’absence de signes de complications ou bien décident d’un déclenchement à 12-24 heures de la rupture. Mais quelle attitude faut-il privilégier pour ne pas accroître la iatrogènie et la morbidité maternelle et fœtale. Le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) a réalisé un travail bibliographique sur le sujet pour comparer les issues maternelles et néonatales selon l’attitude adoptée et d’en dégager un délai optimal entre la rupture et le déclenchement. Le cas décrit est celui d’une grossesse monofoetale, sur utérus sain, en présentation céphalique, avec un liquide clair au moment de la rupture des membranes.
Quelles méthodes pour réduire le délai entre la rupture des membranes et l’accouchement ?
Des études ont analysé diverses méthodes de déclenchements dont l’oxytocine, la dinoprostone (PGE2), le misoprostol, le ballonnet de Cook ®, la sonde de Foley ®, les dilatateurs osmotiques et l’acupuncture. Elles ont montré que le déclenchement raccourcissait le temps entre la rupture et l’accouchement comparativement à l’expectative. Ceci, lorsqu’on a recours à l’oxytocine (NP2), aux prostaglandines (PGE2) ou par misoprostol (NP2). Par ailleurs, les études portant sur la sonde de Foley ©, les dilatateurs osmotiques et l’acupuncture sont limitées et ne permettent pas de mettre en évidence un raccourcissement du délai entre rupture et accouchement.
Le déclenchement : Quelles influences sur les complications maternelles et ou fœtale ?
- Est-ce que le déclenchement immédiat réduit le risque d’infection néonatale et/ ou de césarienne ?
Des essais randomisés ainsi qu’une méta-analyse ont étudié l’infection néonatale. Celui avec le plus haut niveau de preuve (NP1) est l’essai TERMPROM (1996). Les données ont montré que déclencher immédiatement après rupture de la poche des eaux, que la patiente soit porteuse du streptocoque B (NP2) ou pas, ne réduisait pas l’infection néonatale (NP1) par rapport à une attitude expectative.
- La rupture des membranes augmente-t-il le risque de césarienne ?
Dans l’induction du travail, ce que les professionnels redoutent est la césarienne en urgence, pourtant, selon les données étudiées, il n’y aurait ni augmentation, ni réduction du taux de césarienne comparativement à l’attente de la mise en travail (NP2). Ces résultats étaient valables quelle que soit la parité (NP2) et le score de Bishop (NP3).
- Qu’en est-il de la morbidité maternelle ?
Il a été montré une réduction du risque d’infection intra-utérine, de fièvre du post-partum, en cas de déclenchement par oxytocine (NP2) versus l’attente de la mise en travail. Mais cette conclusion est issue de l’essai TERMPROM qui présente quelques limites dont l’absence de dépistage du streptocoque B et la faible administration d’antibioprophylaxie.
En pratique…
Si une patiente se rend aux urgences maternité pour rupture de la poche des eaux, il est possible de lui proposer un déclenchement et de l’informer que celui-ci n’augmentera pas le risque de césarienne. L’autre alternative étant d’attendre tout en proposant une surveillance et une antibioprophylaxie. Outre l’organisation des soins en maternité, la prise en charge dépend du choix des femmes après informations des risques et bénéfices des 2 alternatives envisageables. A ce jour, il n’y a pas d’étude de qualité comparant la satisfaction des patientes de ces 2 méthodes (accord professionnel) . Dans des cas particuliers comme, la présence de liquide teinté ou bien de rupture au-delà de 4 jours, selon accord professionnel, il est préconisé de déclencher.
Source : Rupture des membranes à terme avant travail. Recommandations pour la pratique clinique du CNGOF – Faut-il déclencher ? Doi : 10.1016/j.gofs.2019.10.015