Pour que les nourrissons dorment en sécurité, des experts de l’American Academy of Pediatrics (AAP) ont publié de nouvelles recommandations.
Près de 3 500 nourrissons meurent, chaque année, aux Etats-Unis, pendant leur sommeil. Parmi ces décés, on compte des victimes de mort subite du nourrisson (MSN), de suffocation et de strangulation. La France, quant à elle comptabilise 250 à 350 morts inattendues du nourrisson (MIN) (enfants âgées de 0 à 2 ans). Si depuis les recommandations françaises datant de 1994, en faveur du couchage sur le dos, le nombre de MIN a drastiquement chuté, les chiffres sont depuis restés stables et la MIN reste la première cause de mortalité chez les enfants âgés de moins d’un an. Selon les données de l’Observatoire nationale des MIN, 75% des MIN surviennent avant l’âge de 6 mois.
C'est pour réduire ce risque, en favorisant un environnement sécuritaire de sommeil ,que l'American Academy of Pediatrics (AAP) vient réactualiser ses recommandations.
Mort subite du nourrisson et mort inattendue : définition
La mort subite du nourrisson (MSN) est un décés brutal survenant chez un enfant agé de 0 à 2 ans en bonne santé. Cette terminologie s’applique lorsque les bilans, l’examen clinique, l’autopsie n’ont retrouvé aucune explication au décés.
Pour l’ensemble des MIN, on retrouve une étiologie naturelle ou non : suffocation, asphyxie, infection, ingestion, maladies métaboliques, traumatismes intentionnels ou non... Pour une partie, les décés resteront inexpliqués et classés comme MSN.
Dix-neuf recommandations pour réduire le risque de décés lors du sommeil
Les experts de l’AAP ont reactualisé les recommandations pour prevenir le risque de mortalité des nourrissons pendant leur sommeil. Ils se sont basés sur des études incluant les enfants de 0 à 1 an. Les recommandations ont pour objectif de guider les médecins et les autres professionnels en lien avec les familles. Le rapport inclut tout type de famille et propose 19 préconisations, dont voici les principales :
- La position de sommeil
Au moment du sommeil, la position sur le dos est la plus sûre jusqu’à l’âge d’un an. « La position sur le ventre ou le côté sont susceptibles d’augmenter le risque de réinhalation de gaz expirés entraînant une hypercapnie ou hypoxie ». « Le risque de MSN est exceptionnellement élevé pour les nourrissons qui sont placés sur le côté ou trouvés sur le ventre (OR, 8,7) ».
- Le support pour dormir
L’enfant est installé sur un matelas, ferme, plane, non incliné et même en cas de reflux gastro-oesophagien. Le matelas est bien ajusté dans le lit et celui-ci ne contient pas d’objets mous ou de couvertures, de tour de lit afin de réduire le risque d’enfouissement ou bien d’asphyxie . Les matelas à mémoire de forme sont dangereux pour les nourrissons.
- L’alimentation
L’allaitement maternel est recommandé exclusivement pendant 6 mois puis pendant 1 an car il réduit le risque de MSN.
Une méta-analyse a montré que l’allaitement maternel > 2 mois, qu’il soit exclusif ou non réduisait presque de moitié le risque de MSN.
- Le lieu de sommeil
"Il est recommandé que les nourrissons dorment dans la chambre des parents, à proximité du lit des parents, mais sur une surface séparée conçue pour les nourrissons, idéalement pendant au moins les 6 premiers mois. »
L’AAP recommande le partage de chambre avec le nourrisson, réduisant les risque de MSN de moitié, plutôt que le partage de lit ou bien la séparation dans une autre chambre".
"L'endroit le plus sûr pour un bébé pour dormir est sur une surface de sommeil séparée conçue pour les nourrissons à proximité du lit des parents".
En ce qui concerne les dispositifs de partage de lit, actuellement, les preuves ne sont pas suffisantes pour en recommander un qui soit considéré comme "sûr.
- Le recours à la sucette
Les experts sont en faveur de la sucette pour réduire le risque de MSN au moment de la sieste ou du coucher. D’après plusieurs études, la sucette a un effet protecteur dont le risque de MSN baisserait de 50 à 90%. Par contre, il n’y a pas suffisament de preuves pour affirmer un tel effet avec la succion des doigts.
Limiter les expositions à risque en période pré et postnatale
Tous les parents doivent être sensibilisés au risque du tabac pendant la grossesse et après la naissance. Dans la majorité des études épidémiologiques, le tabagisme est identifié comme facteur de risque de MSN. Le risque de décés pendant le sommeil est élèvé quand le nourrisson partage son lit avec un adulte fumeur (OR 2,3 à 32,8). Des études suggèrent que si on éradiquait le tabagisme chez les femmes enceintes le risque de décés diminuerait de plus de 30%.
Dans la même lignée, l’alcool, la marijuana, les opioïdes, autres drogues licites sont également pourvoyeuses d’un plus grand risque de décés pendant le sommeil.
- L'excés de chaleur
Couvrir excessivement un nourrisson pendant son sommeil represente un risque de suffocation. Il faut donc s’adapter à la température ambiante pour habiller l’enfant. Si selon une étude, le chauffage augmente le risque de MSN comparativement à l’absence de chauffage, qu’en est-il de la ventilation ? Est-elle un facteur limitant le risque de MSN ?
Pour le moment, en raison du peu de données, l’AAP ne peut pas se positionner pour indiquer le ventilateur comme stratègie pour réduire le risque de MSN.
- Les appareils du commerce
« Évitez l'utilisation d'appareils commerciaux qui ne sont pas conformes aux recommandations de sommeil sécuritaire ». L'AAP invite les parents et les soignants à se méfier des appareils vendus dans le commerce prétendant réduire le risque de MIN car il n'y a pas d'arguments qui prouvent leur efficacité.
- L’emmaillotage
"Rien ne permet de recommander l'emmaillotage comme stratégie pour réduire le risque de MSN. Il existe un risque élevé de décès si un nourrisson emmailloté est placé ou roule en position couchée. Si les bébés sont emmaillotés, placez-les toujours sur le dos. Lorsqu'un nourrisson montre des signes de tentative de rouler, l'emmaillotage ne doit plus être utilisé".
Ces préconisations peuvent servir de base pour informer, conseiller les parents, en leur donnant des alternatives car le sommeil des nourrissons est une véritable source de stress pour certains parents.
Références :
Babies sleeping with parents: case-control study of factors influencing the risk of the sudden infant death syndrome. CESDI SUDI research group
Sudden unexplained infant death in 20 regions in Europe: case control study
Bedsharing, roomsharing, and sudden infant death syndrome in Scotland: a case-control study