Une étude française ,publiée dans Public Library of Science, ouvre de nouvelles perspectives pour dépister les bébés à risque de mort subite du nourrisson.
Source d’anxiété pour de nombreux parents, la mort subite du nourrisson (MSN) touche près de 500 enfants, par an, en France. Si des facteurs de risque sont connus comme le couchage sur le ventre, le tabagisme, les causes de la MSN restent encore assez floues. Mais une nouvelle étude menée par des chercheurs du CHRU de Strasbourg pourrait contribuer à améliorer le dépistage de la MSN. En effet, ils ont montré que les sujets présentant une hyperactivité vagale avec des malaises répétés présentaient un risque augmenté de MSN.
Les récepteurs M2 et l’acétylcholinestérase mis en cause
Dans la physiopathologie de la syncope reflexe, une suractivité vagale pourrait être mise en cause. Des études précédentes ont montré que la suractivité vagale était en lien avec une surexpression des récepteurs muscariniques M2 et de l’acétylcholinestérase, particulièrement dans le cœur et lymphocytes de lapins et dans le cœur des nourrissons décédés à la suite d’une MSN. Des anomalies biologiques du système cholinergique seraient alors associées à des manifestations cliniques de l’hyperactivité vagale.
Comme l’explique,le pédiatre-réanimateur, co-auteur de l'étude, Dr De Melo à l’AFP, " il y a des récepteurs localisés au niveau cardiaque et parfois, le mécanisme qui contrebalance le système de stress (l'accélération de la fréquence cardiaque, l'augmentation de la tension) est excessif, le cœur ralentit trop et le cerveau est moins perfusé". L’adulte récupèrera spontanément après une perte de connaissance de quelques secondes, par contre , "chez les nouveau-nés qui ont des surexpressions muscariniques pathologiques, cela peut aller jusqu'à l'arrêt cardiaque complet", souligne-t-il.
En tenant compte de ces données, les chercheurs ont examiné l’expression du récepteur muscarinique M2 et de l’acétylcholinestérase chez les patients atteints de syncope reflexe.
Pour cela une prise de sang a été réalisée chez 136 patients âgés de 18 à 50 ans (45 avec antécédent de syncopes récurrentes, comparés à 32 volontaires sains). Les médianes du niveau d'expression du recepteur M2 étaient de 0,2 [0,1; 1,0] dans le groupe des témoins et 0,9 [0,3; 1,9] dans le groupe patients. Les médianes d'expression de l'acéthylcholinestérase étaient de 0,4 [0,2; 1,1] dans le groupe des sujets sains et 0,7 [0,4; 1,6] dans le groupe de patients.
Vers une voie pour inclure le risque de MSN dans un dépistage néonatal
Avec ces résultats, les auteurs suggèrent que, sous réserve de validation, la surexpression du recepteur M2 pourrait devenir un marqueur biologique de la suractivité vagale impliquée dans la MSN. En attendant, comme le précise l’AFP, les médecins du CHRU de Strasbourg poursuivent les recherches en réalisant des prélèvements, avec le consentement des parents, sur des bébés âgés de moins d’1 an, hospitalisés pour malaise grave. Ceci, pour établir des valeurs de référence. Après l’obtention de plus de données, les chercheurs espèrent pouvoir proposer un test sanguin pour un dépistage néonatal de la MSN. Le test permettrait de déceler les enfants à risque, avant qu’ils ne fassent un malaise grave afin de les traiter durant la 1re annèe de vie, « la période de risque maximal ».
Source :
Increased expression of blood muscarinic receptors in patients with reflex syncope - Published: July 18, 2019 - doi.org/10.1371/journal.pone.0219598