Pour évaluer une politique de santé publique en matière d'allaitement maternel, encore faut-il disposer de données chiffrées fiables! La World Breastfeeding Trends Initiative (WBTi) pourrait nous permettre un meilleure suivi de l’allaitement dans notre pays. Britta Boutry-Stadelmann, coordinatrice WBTi France, nous en dis plus sur cet outil.
Qu’est-ce la WBTi ?
Il s’agit d’une démarche développée par IBFAN Asie (International Baby Food Action Network) depuis 2005, qui évalue l’état de la mise en œuvre de la « Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant » (OMS 2003) et mesure les progrès réalisés.
La WBTi (World Breastfeeding Trends Initiative ou Initiative mondiale de suivi des tendances de l’allaitement) est conçue pour aider les pays à repérer les points forts et les faiblesses de leurs politiques et programmes de nutrition afin de protéger, promouvoir et soutenir les pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.
L’outil est basé sur deux initiatives mondiales : le premier est le GLOPAR (The Global Participatory Action Research) de WABA (World Alliance for Breastfeeding Action), et le deuxième est l’OMS (Organisation mondiale de la santé) « Infant and Young Child Feeding: A tool for assessing national practices, policies and programmes » (Alimentation du nourrisson et du jeune enfant : un outil pour évaluer les pratiques, politiques et programmes nationaux).
La WBTi est divisée en deux parties, l’une traitant des politiques et programmes, l’autre des pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, et comporte 15 indicateurs avec une signification particulière (Hôpitaux Initiative Ami des Bébés, protection de la maternité, durée médiane de l’allaitement, etc).
Quels sont ses points forts ?
La base de données WBTi permet à la fois de comparer différents pays et de visualiser les évolutions dans chaque pays. L’accès est gratuit et toutes sortes de représentations graphiques peuvent être générées. Ainsi, elle fournit des informations pertinentes aux gouvernements dans le but de combler les insuffisances dans les politiques, programme et pratiques concernant l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Elle apporter aussi des preuves scientifiques pour promouvoir l’allaitement précoce, exclusif et continu. Elle peut donc inciter à agir !
Quelles différences avec l’OMS ?
Par rapport à l’OMS représentant un organisme conseil, la WBTi est plus proactive tout en utilisant les recommandations et documents de cette dernière. La nouveauté de WBTi est qu’il s’agit d’une démarche initiée dans le pays et par le pays de façon collaborative entre différents acteurs : ministères et administrations, collèges professionnels, associations.
La WBTi a fait son entrée en France ? Pourquoi ?
Dans le monde entier, plus de 110 pays sont actuellement engagés dans le processus d’évaluation au moyen des outils WBTi. En Europe, nous avons commencé en 2015 (Arménie, Belgique, Bosnie-et-Herzégovine, Croatie, Géorgie, Italie, Portugal, Royaume-Uni, Suisse, Turquie, Ukraine) et six nouveaux pays ont rejoint la liste en octobre 2016 dont la France (Albanie, Espagne, Lituanie, Macédoine, Moldavie).
La France dispose de bonnes recommandations en faveur de l’allaitement maternel (ANAES 2002, HAS 2006, Inpes 2009, Rapport Turck 2010, PNNS 2011-15). Et pourtant, les taux d’allaitement sur la durée montrent que ces préconisations de « bonne pratique » sont loin d'être suivies…
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