Le périnée, on en parle? Lorsque la cicatrisation "fait mal" et que les dyspareunies ne sont pas prises en considération par les professionnels, faute de sensibilisation ou de connaissance, les femmes restent face à leur douleur et dans une errance médicale. Pour trouver des solutions et améliorer la guérison des périnées "blessés", "SOS périnée" est né! Avec Chantal Fabre-Clergue, sage-femme sexologue à Marseille.
Pourquoi "SOS périnée" ?
Le concept « SOS périnée » est né suite aux nombreuses demandes d’accouchées qui ont vécu un séjour en maternité pénible et un retour à la maison catastrophique !
L’accouchement, « cet heureux événement », reste pour certaines femmes une expérience très difficile, très douloureuse et ce, dès la sortie du bloc obstétrical, tellement qu’elles ne veulent plus jamais récidiver !
En salle d’accouchement tout est organisé, planifié pour aider la future maman à gérer au mieux les « douleurs » de l’enfantement. Les équipes sont à l’écoute et sollicitent rapidement les anesthésistes pour améliorer le confort des parturientes.
Mais le retour en chambre s’avère plus difficile à la grande surprise des accouchées.. Un suivi attentionné, un soutien efficace, une présence rassurante encourage la maman pour la mise en route de l’allaitement et l’apprentissage des soins de son bébé. La jeune maman est entourée et le nouveau-né comble de bonheur toute la famille. Mais ce tableau idyllique s’assombrit rapidement car une fois les effets de l’analgésie péridurale estompés, la cicatrice commence à se manifester : les points tirent, l’hématome pousse, l’œdème lance et les hémorroïdes brûlent, etc., mais bizarrement, il n’existe pas de traitement miracle. La réponse entendue est toujours la même « c’est normal, ça va passer! ».
Entre méconnaissance et négligeance
Les traitements médicaux proposés calment rarement et efficacement la douleur d'une déchirure périnéale ou d’une épisiotomie. Ensuite, en cas d’allaitement maternel, l’utilisation de certaines thérapeutiques est limitée et la prescription se résume souvent par les AINS, qui doivent rester raisonnables et le paracétamol qui n'apporte pas un grand soulagement…
La bonne volonté des sages-femmes en suites de naissances ne suffit pas car les outils efficaces manquent cruellement. Et le retour à la maison pour la jeune mère est problématique avec des difficultés pour se déplacer, s’asseoir, s’occuper du nouveau-né, aller à la selle…
Parallèlement, dès la sortie de la maternité, la contraception est prescrite et il est conseillé de la débuter rapidement même en cas de cicatrice de périnée importante, nécessitant des soins spécifiques. Cela veut donc dire que la reprise de la sexualité ne devrait poser aucun problème et le partenaire est serein puisqu' il suffit d’être un peu patient et d’ici quelques jours, les points auront disparu et Madame sera disponible, amoureuse, désirante…
En réalité, bien des couples consultent dans les mois qui suivent pour dyspareunies, troubles de la libido, mésentente car la situation est inattendue et l’incompréhension est totale. Ce périnée reste douloureux, et la patiente n’est pas « folle » ! Elle a mal et personne ne l’écoute ! Parfois, il est proposé d’attendre le prochain enfant. Ainsi lors de l’accouchement suivant, il sera possible de reprendre harmonieusement une vilaine cicatrice et il n’est pas rare d’entendre que l’on a proposé une consultation chez le psychiatre car le thérapeute ne voit rien, donc c’est dans la tête !
Et les troubles anorectaux ? La dépistage est aussi négligé.Pourtant, des douleurs horribles au passage de chaque selle laissant ensuite une sensation de brûlure atroce qui va aggraver une constipation absolument catastrophique pour les femmes. Il est plus compliqué de traiter une fissure anale ancienne de trois ans plutôt que de la traiter en postpartum immédiat et de ne pas hésiter à conseiller l’usage de laxatifs adaptés pour faciliter l’évacuation des selles, pendant la période des suites de couches.
La douleur du périnée n'est pas une fatalité !
Les sages-femmes sont souvent démunies pour donner des conseils de sortie, des soins pour poursuivre la cicatrisation et la prise en charge de la douleur… Non, la douleur post-accouchement n’est pas une fatalité !
Les sorties de plus en plus précoces n’arrangent rien et les femmes se sentent abandonnées, il est difficile d’entendre leur demande, d’apprendre à évaluer cette douleur qui dérange tant et surtout essayons de trouver une solution ensemble car cela est possible !
Il est urgent de créer un réseau de professionnels soucieux de prendre en charge le suivi des soins de déchirures, d’épisiotomie ou de problèmes de cicatrisation de césarienne mais aussi de la douleur dans le post-partum !
Un annuaire est à votre disposition sur le site PERYONIS regroupant divers spécialistes dont des sages-femmes, il suffit d’adhérer à l’association.