Les Morts Inattendues du Nourrisson (MIN) causent chaque année, en France, 300 à 400 décès annuels. Il s’agit de la première cause de décès avant l’âge de 12 mois. Il existe des stratégies de prévention et le CNSF a émis des lignes directrices.
À partir d’une revue narrative de la littérature et une analyse de rapports existants, le Collège national des sages-femmes françaises propose aux parents des stratégies pour prévenir la mort inattendue du nourrisson.
Qu’est-ce que la Mort Inattendue du Nourrisson ?
La MIN est un décès soudain dont les causes peuvent être variées, liées par exemple à une maladie médicale (infection, maladie métabolique …) , chirurgicale (malformation cardiaque, gastro-intestinale…) accidentelle (intoxication, aspiration de corps étrangers, liée au couchage…) ou un abus. D’autres décès surviennent pendant le sommeil et restent inexpliqués malgré une enquête et une autopsie, c’est qu’on appelle le Syndrome de la Mort Subite du Nourrisson (SMSN).
La MIN peut s’expliquer par un modèle décrit en 1972 et revu en 1994, celui du « triple risque ». Il explique que la MIN survient en présence de 3 facteurs concomitants : la vulnérabilité intrinsèque liée à la génétique ou bien à l’environnement in utero, à une période de développement, entre le 1er et 6e mois de vie, critique (modification du système cardiorespiratoire et homéostatique, maturation du système nerveux autonome), et à des éléments extrinsèques générant du stress et qui peut submerger un organisme plus fragile. Ces derniers peuvent être évitables.
Mort Inattendue du Nourrisson : comment prévenir ?
En 2008, la France comptait un taux national de MIN à 0,33‰, un des taux les plus importants d’Europe. Le taux européen étant de 0,25‰.
Une enquête de l’Institut de veille sanitaire de 2007-2009 faisait état d’un nombre de décès annuel de 400 nourrissons dont la cause directe ou le facteur contributif était lié à de mauvaises conditions de sommeil. Ainsi, les auteurs de ce travail estiment que le nombre de décès évités pourrait atteindre 150 si les conditions de couchage sécuritaires étaient respectées.
Parmi les préconisations retenues :
- Le couchage sur le dos sur un plan ferme et sans objets mous. Le port de vêtement de nuit une pièce est préconisée tout comme l’utilisation d’une turbulette.
- La température ambiante idéale de la pièce est de 18-20°C.
- L’utilisation d’un moniteur cardiorespiratoire n’est pas conseillée par l’ American Academy of Pediatrics (AAP) comme moyen de réduire la mort inattendue du nourrisson.
- L’allaitement maternel est un moyen de protection de la mort inattendue du nourrisson : exclusivement, il pourrait réduire le risque de 50%.
- Les enfants qui partagent leur chambre avec leurs parents sont moins à risque de mort inattendue du nourrisson comparativement aux enfants qui dorment dans une autre chambre et quel que soit le mode d’allaitement. L’Agence de santé publique du Canada recommande cette pratique sur une surface séparée, mais à proximité des parents jusqu’aux 6 mois de l’enfant et l’AAP jusqu’au 1 an. Les recommandations françaises vont également dans ce sens.
- L’utilisation d’une tétine lorsque l’enfant dort est protectrice. Si pour l’enfant nourri au biberon, il n’y a pas de préconisation particulière, pour l’enfant allaité, la tétine peut être utilisée à condition que l’allaitement soit bien établi. Les attaches tétines sont quant à elles à proscrire du fait du risque d’étranglement.
- L’AAP (grade A) recommande la vaccination des nourrissons pour son effet protecteur du risque de mort inattendue du nourrisson. Les premiers résultats de l’étude OMIN (Observatoire national des Morts Inattendues du Nourrisson) ont montré que la couverture vaccinale était insuffisante chez les enfants décès de mort inattendue du nourrisson (46% vs population générale 60%).
Tabac et MIN
Dans les facteurs extrinsèques à risque de mort inattendue du nourrisson, on note l’exposition au tabagisme in utero : « Les enfants dont les mères fumaient 10 cigarettes ou plus par jour pendant la grossesse présentaient un risque plus élevé de MIN que ceux dont les mères fumaient de 1 à 9 cigarettes par jour (OR, 2,3 ; IC à 95 %, 1,3-4,2 ; 6 études, environ 400 000 enfants) ». « Si l'on suppose un lien de causalité, le tabagisme maternel pendant la grossesse est responsable d'environ 800 décès de nourrissons par an aux États-Unis. En conséquence, environ un tiers des cas de MIN seraient évités si plus aucune future mère ne fumait ».
À la naissance, les nourrissons exposés in utero au tabac vont continuer à être contact du tabac si les parents ne se sèvrent pas. Leur risque de mort inattendue s’accroit, il est donc conseillé qu’ils dorment auprès de leurs parents en évitant une exposition directe de fumée.
En cas de consommation d’autres toxiques tels que l’alcool et la drogue, le risque de mort inattendue du nourrisson augmente.
Informer, prévenir et stop au consumérisme du matériel de puériculture non réglementé
L’information reste essentielle autour de la prévention de la mort inattendue du nourrisson tout comme autour du matériel de puériculture qui pour certains dits révolutionnaires ne respectent en rien les recommandations nationales.
Rappelons que « Selon l'enquête nationale périnatale de 2016, seulement 1 femme sur 2 a déclaré avoir reçu des conseils pour placer son enfant en décubitus dorsal pour dormir, c'est-à-dire sur le dos, pour prévenir la mort subite du nourrisson ».
Image de yanalya sur Freepik