Selon cette étude du Jama Network, la détresse psychologique d’une femme enceinte aurait des conséquences sur le cerveau fœtal.
Stress, anxiété, dépression, ces symptômes ne sont pas si rares chez les femmes enceintes puisque selon des revues systématiques, ils toucheraient jusqu’à 50% d’entre elles. Pourtant, outre les effets négatifs sur la santé maternelle, la manifestation de troubles mentaux chez la mère augmenteraient les risques de troubles neuropsychiatriques (autisme, troubles déficitaires de l’attention, hyperactivité) chez l’enfant. Pour aller plus loin, d’autres preuves cliniques telles que l’imagerie cérébrale soutiennent cette association.
Dans la présente étude, des chercheurs se sont inspirés de ces données pour examiner ce qui se passe au sein des connectivités fonctionnelles des circuits neuronaux des fœtus lorsque la mère était exposée à une détresse psychologique.
Des images cérébrales ont été réalisées par IRM chez 50 fœtus entre 24 et 39 semaines de gestation. Leur interprétation relevait d’un neuro-radiologue pédiatrique expérimenté.
Sur les 50 femmes enceintes évaluées par questionnaire (échelle du stress perçue, échelle de dépression post-natale d’Edimbourg, échelle de l’anxiété-état de Spielberger et l’anxiété-trait), 8% étaient positives pour l’état d’anxiété (état passager), 12% pour l’anxiété-trait (caractéristique individuelle), 14% pour le stress et 2% pour la dépression.
Les résultats
Les chercheurs ont constaté une association entre détresse psychologique maternelle et réduction de la connectivité dans les régions du contrôle exécutif du cerveau. Le cortex parieto-frontal faisait partie des zones les plus souvent touchées. Pour Dr De Asis-Cruz, une des auteures de l’étude, «cela suggère une forme de programmation fœtale modifiée, où les réseaux cérébraux sont bouleversés par cette anxiété élevée avant même la naissance des bébés.» Par contre, comme le souligne Dr Limperopoulos ayant participé à ce travail, on ne sait toujours pas si ces effets pendant la gestation persistent ou sont influencés par les soins postnatals. On ne sait pas non plus, si la réduction de l’anxiété maternelle peut inverser les différences neuronales.
D’autres études sont donc nécessaires pour suivre le développement des enfants dont la connectivité neuronale était modifiée pendant la vie fœtale.
En attendant, ces travaux ne sont pas là pour renforcer la culpabilité maternelle mais pour souligner l’importance de soutenir les femmes confrontées à des troubles psychologiques. La santé mentale est un véritable enjeu de santé publique et les professionnels de la périnatalité doivent s’en saisir pour promouvoir le bien-être des mères et des enfants.