Le projet PARTAGE (Prévention, accès aux droits, rattrapage vaccinal, traitement des affections pendant la grossesse et pour l’enfant) a évalué le niveau et les déterminants d’acceptation d’une consultation de prévention prénatale à destination des futurs pères, à la maternité de Montreuil. En voici les résultats principaux.
Si les femmes par le biais du suivi gynécologique et obstétrical ont l’occasion de bénéficier de consultation de prévention, il n’y a pas d’équivalent pour les hommes. Dans cette étude , publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, une équipe a cherché à évaluer le niveau et les déterminants d’acceptation d’une consultation prénatale chez les futurs pères, entre janvier 2021 et avril 2022, à l’hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Il s’agissait d’une consultation de prévention, de dépistage,d’ accès aux droits, de rattrapage vaccinal et de référencement vers le soin primaire, sous réserve du consentement préalable de leur conjointe à transmettre leurs coordonnées (Projet PARTAGE).
Les résultats
Au total, 3 038 femmes ont transmis les coordonnées ce qui a permis d’établir un contact effectif avec 2 516 conjoints et pour 1 333 d’entre eux le contact a débouché sur une consultation prénatale.
Les hommes qui se sont présentés à la consultation avaient 30 ans ou plus.
Les hommes dont l'adhésion a été la plus forte à la consultation prénatale étaient ceux pour lesquels il s'agissait d'une première grossesse pour le couple, ceux nés en Afrique subsaharienne ou en Asie plutôt qu’en France - ces derniers étaient près de deux fois plus susceptibles d’adhérer à l’offre que ceux nés en Europe ou en Amérique du Nord.
L’absence de droit de séjour était un facteur plus important de recours à la consultation prénatale alors que l’âge ne l’était plus.
Le fait de ne pas avoir de suivi médical n’était pas associé à la venue des hommes à la consultation prénatale. En effet, des hommes nés en France, insérés socialement ne sont pas venu pourtant ils n’avaient pas de médecin traitant.
Le projet PARTAGE a suscité un fort taux d’adhésion avec 44%, bien supérieur à d’autres campagnes telles que le dépistage du cancer colorectal (25%). Toutefois, il est à noter que les conditions de l’étude ont joué pour favoriser l’adhésion des futurs pères à savoir : les sages-femmes de la recherche appelaient les pères pour leur donner rendez-vous, adaptaient les horaires à leurs contraintes professionnelles ou autres, le rendez-vous était rappelé par texto et les équipes se montraient résilientes en cas de rendez-vous manqué.
Un examen de santé déjà proposé aux futurs pères
Dans le cadre du projet national des 1 000 premiers jours, le livret crée par le ministère de la Santé et envoyé par la Caisse d’allocations familiales (CAF) aux parturientes mentionne que les hommes ont la possibilité de demander un examen de santé pendant la grossesse de leur partenaire avec un remboursement à 100% par l’Assurance maladie. Dans le carnet de maternité, remis par un professionnel de santé à chaque grossesse, il est également précisé qu’un examen général, éventuellement accompagné d’examens de laboratoire, est pris en charge pour le futur père. L’Assurance maladie donne aussi cette information dans le guide « Ma maternité » (édition 2023). En France, il est donc, en théorie possible de dépister un risque de transmission des hommes vers leurs partenaires enceintes et des enfants qu’elles portent et d’améliorer leurs accès aux soins, à la prévention et à la promotion de la santé à l’occasion de l’arrivée d’un enfant, à travers une consultation prénatale entièrement remboursée. Ce dispositif reste néanmoins méconnu, et il existe des obstacles à sa généralisation. En effet, la Caisse nationale d’assurance maladie n'a pas encore crée de nomenclature pour le remboursement de cette consultation. À ce jour, le remboursement est possible uniquement sur la prise en charge à 100% de leur partenaire enceinte, qui intervient au sixième mois de grossesse. Ce qui pose des problèmes de déontologie, de confidentialité et d’identito-vigilance.
En attendant, cette étude originale centrée sur la Seine-Saint-Denis où il existe une forte immigration mériterait d’être élargie à la population générale. Ceci permettrait d’évaluer le taux d’adhésion et les bénéfices des consultations prénatales au sein de territoires où les problématiques sont différentes.
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