À ce jour, il n’y a pas de consensus scientifique sur la vaccination contre la covid 19 pour les femmes enceintes et allaitantes. Alors que doit-on préconiser ? La plupart des experts sur la question demandent de procéder à une évaluation individuelle des bénéfices et des risques.
Covid 19 : Les femmes enceintes, une population plus vulnérable
Les femmes enceintes sont plus vulnérables que la population générale à la Covid 19. Comme le montrait un article des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), les femmes enceintes étaient 5,4 fois plus susceptibles de se retrouver hospitalisées, 1,5 fois plus susceptibles de nécessiter des soins intensifs, et 1,7 fois plus à risque d’avoir besoin d’une ventilation mécanique, comparativement aux femmes non enceintes. La grossesse exposerait aussi selon une publication du JAMA Internal Medicineà un risque plus élevé de naissance prématurée et d’hypertension artérielle. Toutefois, le risque de complications graves reste malgré tout plus faible comparativement aux populations à haut risque.
Evaluer les facteurs de risque individuels
Alors qu'aux Etats-Unis et en Israël, les femmes enceintes sont prioritaires et reçoivent la vaccination contre la Covid 19 , la HAS emettait en début d'année en l’absence de consensus scientifique et « de données robustes sur la tolérance et l’efficacité du vaccin au cours de la grossesse », « rappelle que son utilisation chez la femme enceinte doit être envisagée seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus» (pour le vaccin Moderna et AstraZeneca).
La HAS apporte de nouvelles données dans un argumentaire de bonnes pratiques, publié en mars 2021. Elle précise que "l’administration des vaccins contre la Covid-19 chez la femme enceinte n’est pas contre-indiquée ; elle doit être envisagée si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus. En particulier, les femmes enceintes de plus de 35 ans ou celles présentant d’autres comorbidités comme l’obésité ou le diabète ou les femmes enceintes susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle pourraient se voir proposer la vaccination. Par mesure de précaution, dans l’attente des résultats finaux des études menées chez l’animal pour le vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca et compte tenu des syndromes de type grippal ayant été rapportés avec ce vaccin, la HAS, conformément aux recommandations de l’ANSM, recommande de privilégier chez la femme enceinte les vaccins à ARNm (Comirnaty® ou Moderna®)."
En effet, « Aucun problème de sécurité n'a été démontré chez les rats ayant reçu le vaccin Moderna COVID-19 avant ou pendant la grossesse », comme le souligne le CDC. Pour cette raison, la tendance est d’évaluer individuellement les risques d’infection. C’est d’ailleurs ce que recommande l’OMS en privilégiant la vaccination chez les femmes enceintes à risque d’exposition au SARS Cov2 ou présentant des comorbidités.
Les préconisations du Centre de référence des agents tératogènes (CRAT)
Le CRAT a mis à jour les indications, contre-indications sur les vaccinations contre la COVID-19 en cas de grossesse et d’allaitement. Le CRAT précise que le vaccin (Comirnaty ®, Moderna ®, Astrazeneca Oxford AZD1222®) est envisageable pendant la grossesse « a fortiori s’il existe des facteurs de risques exposant la femme enceinte à une forme sévère de la maladie ». Dans la mesure du possible, il est préférable de s’orienter vers un vaccin à ARNm et de débuter la vaccination après 10 sa.
En cas d’allaitement, comme les vaccins à ARNm et vecteur viral contre la Covid 19 n’ont pas de pouvoir infectant et que leur passage dans le lait n’est pas attendu, la vaccination reste envisageable.
Des études cliniques portant sur les effets des vaccins contre la Covid 19 chez les femmes enceintes sont en cours. On devrait donc en savoir davantage prochainement.
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