La HAS vient d’émettre de nouvelles recommandations pour améliorer la prise en charge des patients souffrant de dysthyroïdie. Elle aborde les préconisations pour la population générale, mais aussi pour les femmes enceintes ou en désir de grossesse présentant une hypothyroïdie.
Élaborées en collaboration avec les professionnels de santé et les usagers du système de santé, les fiches de synthèse visent à améliorer la prise en charge des patients, à harmoniser les pratiques, mais aussi à réduire les bilans systématiques. Parmi les recommandations, certaines visent particulièrement l’hypothyroïdie de la femme enceinte et de la femme ayant un désir de grossesse.
Thyroïde : Que se passe-t-il pendant la grossesse ?
L’hypothyroïdie avérée concerne 2 à 4% des femmes en âge de procréer. Elle est susceptible d’entraîner des complications pendant la grossesse telle qu’une augmentation du risque de naissance prématurée, de petit poids de naissance et de troubles de l’apprentissage.
Pendant la grossesse, l’activité de la glande thyroïde augmente pour maintenir son fonctionnement normal et compenser les besoins. En effet, l’activité de la thyroïde augmente d’environ 50% pendant la grossesse et lorsqu’il existe une dysthyroïdie la compensation ne suffit pas pour maintenir une euthyroïdie.
Hypothyroïdie : Faut-il dépister pendant la grossesse ?
Le dépistage d’une hypothyroïdie est recommandé en cas de désir de grossesse ou à la première consultation de grossesse en présence de certains facteurs de risque : antécédent de dysthyroïdie, de diabète de type 1 ou de maladie auto-immune, de radiothérapie cervicale ou de chirurgie thyroïdienne, d’infertilité, de fausses couches, d’accouchement prématuré, anticorps anti-TPO positifs, de goitre, d’IMC≥ 40kg/m2 , d’âge de plus de 35 ans, de traitement par amiodarone, lithium ou d’antécédent familial de dysthyroïdie (1er degré).
Le dépistage est réalisé avec un dosage de la TSH dont la limite supérieure est fixée à 4mUI/L quel que soit le trimestre.
Lorsque le taux est supérieur à l’intervalle de référence, un 2e prélèvement doit être effectué.
En cas de taux supérieur, un dosage d’anti-TPO est préconisé, car il s’agit d’un marqueur évaluant le risque évolutif vers une hypothyroïdie pendant la grossesse et celui d’une thyroïdite du post-partum.
En cas de taux de TSH ecompris entre 2,5mUI/L et 4mUI/L, avec des anti-TPO positifs, et en l’absence de traitement, la TSH doit être contrôlée toutes les 4 à 6 semaines jusqu’à 22 SA, puis entre 30 et 34 SA, pour dépister une éventuelle une hypothyroïdie. Ce dosage est recommandé aussi en post-partum.
Quand l’hypothyroïdie est connue avant la grossesse
Il est recommandé de traiter avec une monothérapie de lévothyroxine (LT4) et de contrôler le dosage de THS à 6 semaines pour s’assurer du bon dosage ou de le réajuster si nécessaire. La dose de lévothyroxine est augmentée de 20 à 30% dès connaissance d’une grossesse.
Quand le taux de TSH est élevé pendant la grossesse
Le traitement par LT4 peut être débuté quand la TSH est supérieure à 4mUI/L. Selon le taux de TSH, le dosage est réévalué : 25 à 50 µg/jour si la TSH est comprise entre 2,5 et 10 mUI/L, 50 à 75 µg/jour si la TSH est comprise entre 10 et 20 mUI/L et 75 à 100 µg/jour si la TSH est > 20 mUI/L.
L’adaptation des doses se fera jusqu’à obtenir un taux de TSH entre le seuil de l’intervalle de référence e proche de 2,5mUI/L pour la valeur supérieure.
Le dosage sera contrôlé toutes les 4 à 6 semaines jusqu’à 22 SA et au moins une fois vers 30 et 34 SA.
Après l’accouchement
En cas d’hypothyroïdie connue avant la grossesse, le dosage de lévothyroxine peut repasser au dosage préconceptions. La TSH sera contrôlée 6 semaines après l’accouchement.
Pour les femmes, dont le traitement a été introduit pendant la grossesse, le recours à un avis spécialisé est nécessaire pour discuter d’un arrêt de traitement surtout en cas de faible dose de LT4.
Webinaire - Hyperthyroïdie et hypothyroïdie : quelle prise en charge
Référence : Prise en charge des dysthyroïdies chez l'adulte - Recommandation de bonne pratique - HAS