La téléconsultation est apparue comme une évidence lors de la crise sanitaire pour poursuivre le suivi des femmes enceintes. Mais est-il raisonnable de continuer à recourir à cette alternative ? Une équipe australienne de la maternité Monash Health, a évalué la sécurité et l’efficacité d’un suivi prénatal combinant des consultations à distance et en présentiel.
Avec la crise sanitaire, les professionnels de santé se sont emparés de la téléconsultation pour répondre à des besoins de santé publique, à savoir poursuivre le suivi de grossesses des femmes, tout en limitant l’accueil sur les lieux de consultation.
Dans une maternité de Victoria, en Australie, une équipe médicale a élaboré un programme de suivi de grossesse combinant la téléconsultation et des consultations classiques. Celui-ci a été adapté en fonction du critère bas risque ou haut risque de la grossesse. En effet, pour les grossesses à bas risque, trois consultations classiques ont été réalisées à 28 SA, 36 SA, 40 SA et six téléconsultations à 16 SA, 22 SA, 31 SA, 34 SA. En ce qui concerne, les grossesses à haut risque, 5 téléconsultations (1 avec médecin et 1 avec sage-femme en début de grossesse, puis à 22 SA, 31 SA, 34 SA) et 5 consultations en présentiel, à 16 SA, 28 SA, 36 SA, 38 SA et 40 SA).
Les chercheurs ont alors comparé 2292 femmes ayant bénéficié de ce type de suivi entre le 20 avril et le 26 juillet 2020 à 20 031 femmes ayant accouché pendant la période de soins conventionnels entre le 1er janvier 2018 et le 22 mars 2020.
Les principaux critères de jugement étaient la détection du retard de croissance fœtale, de la pré-éclampsie et du diabète gestationnel. Les critères de jugement secondaires étaient la mortinatalité, l'admission en unité de soins intensifs néonatals et la naissance prématurée (naissance avant 37 semaines de gestation).
Egalité pour les consultations à distance et en présentiel
Les sages-femmes et obstétriciens ont réalisé les consultations à distance, soit en vidéo, soit par téléphone. Les femmes avaient appris à mesurer la hauteur utérine à 24 SA et bénéficié d’une prise de tension artérielle soit à l’occasion de l’échographie obstétricale, ou par un professionnel de santé de passage à domicile ou bien encore à l’aide d’un tensiomètre électronique qu’elles s’étaient procuré. Lorsqu’un diabète gestationnel était diagnostiqué, l’endocrinologue réalisé un suivi également par télémédecine.
Sur 20 154 consultations du programme mis en place sur la période épidémique, 10 731 ont été effectuées à distance, soit 53%.
Les auteurs n’ont observé aucune différence significative sur les deux périodes analysées :
- Le taux de diagnostic de retard de croissance intra-utérin, inférieur au 3e percentile était de 2% avec des soins prénatals intégrés, tout comme avec des consultations classiques (5% vs 5% pour les grossesses à haut risque)
- Le taux de diagnostic de mortinaissances était de 1% vs 1 % (et 2% vs 2%)
- Le taux de dépistage de diabète gestationnel de 22% vs 22% (30% vs 26%)
- Le taux de grossesses compliquées de pré-éclampsie 3% vs 3% pour les grossesses à bas risque et 7% vs 9% pour les grossesses à haut risque
La téléconsultation a permis de réduire plus de 50% de consultations en présentiel sans pour autant compromettre la sécurité du suivi de grossesse.
Reste à savoir, si les patientes ont bien vécu ce type de suivi… Pour cela, d’autres études sont nécessaires.
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