Cette étude contredit des travaux antérieurs : non, la contraception hormonale n’augmente pas le risque de tentative de suicide ! Le risque est même plus faible comparativement aux femmes qui ne sont pas sous contraceptif à base d’hormones.
Voyons de plus prés. C’est à l’occasion du congrès européen de psychiatrie que Dr Elena Toffol de l’Université d’Helsinki a présenté une nouvelle étude plutôt rassurante sur les contraceptions hormonales.
Les controverses de la contraception hormonale
La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé même si elle a connu une baisse de sa consommation depuis le scandale de 2012, alors qu’une jeune femme accusait la contraception de 3e génération de lui avoir déclenché un AVC.
Parallèlement, des études,dont une de 2018 suggèrait que l'utilisation de la contraception hormonale était positivement associée aux tentatives de suicide et aux suicides ultérieurs. Les adolescentes présentaient le risque relatif le plus élevé.
Cette étude devait confirmer des résultats antérieurs mais ...
C’est d’ailleurs pour confirmer ce type de résultats que l’équipe du Dr Toffol a entrepris ces travaux.
Pour cela, les chercheurs ont étudié les données issues des bases nationales finlandaises incluant 587 823 femmes, entre 2017 et 2019. Cet échantillon represente environ 50% du nombre total de femmes âgées entre 15 et 49 ans.
La moitié des femmes consommaient des contraceptions hormonales (patch, implant, pilule, anneaux).
Après avoir analysé les données, les chercheurs ont constaté que c'était dans la tranche d’âge des 15-19 ans que le taux de suicide était le plus élevé avec ou sans la prise de contraception hormonale.
Par contre, le taux de suicide était plus bas chez les femmes de 20-24 ans et les 25-29 ayant une contraception hormonale.
Celles n’utilisant pas de contraceptif à base d'hormones présentaient 37% plus de risque de se suicider comparativement aux utilisatrices de méthode contraceptive hormonale. Une fois les covariables ajustées, c’est l’utilisation de contraception avec étinylestradiol qui est restée significative (IR 0,39, IC à 95 % 0,23 à 0,65).
Dépression et contraceptions hormonales
Cette étude vient donc infirmer des résultats précédents. L’équipe de chercheurs souhaitent désormais approfondir et vérifier au sein de cette même population si l’utilisation de la contraception hormonale est associée à un plus grand risque de depression. Là aussi, d’autres études dont celle de Skovlund et al. rapportait un risque de depression majoré de 70% chez les utilisatrices de contraception hormonale versus les non-utilisatrices.
Hormones et troubles psychiques
En période prémenstruelle, des femmes peuvent se sentir déprimées et même développer des symptômes psychiatriques lors de la dernière semaine de la phase lutéale. Ces symtômes s’inscrivent d’ailleurs dans une forme sevère du syndrome prémenstruel appelé : troubles dysphoriques prémenstruels. Si à ce jour, nous ne connaissons pas exactement le mécanisme de ces troubles, les fluctuations des niveaux d’hormones, dont la baisse d’oestrogène et de progestérone pourraient induire ces symptômes.
Alors en réduisant ces variations hormonales, la contraception hormonale, ne pourrait-elle pas améliorer l’état psychologique des femmes ? Selon Keyes et al, les troubles de l'humeur liés aux menstruations peuvent s'améliorer grâce à l'utilisation de la contraception hormonale.
D'autres études doivent encore être menées pour mieux connaître les specificités des femmes et améliorer leur santé.