La prévalence des mutilations sexuelles féminines a été évaluée dans trois départements français avec un protocole inédit de mesure. Les résultats ont été publiés dans un récent bulletin épidémiologique hebdomadaire d’octobre 2023.
Les mutilations sexuelles féminines : un crime puni par la loi et un danger pour la santé des femmes
Les mutilations sexuelles féminines (MSF) sont considérées internationalement comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Si elles sont une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes, elles représentent également un danger pour leur santé. Elles sont responsables de complications à court terme (hémorragie, douleur violente, tétanos, septicémie, rétention urinaire, décès …) et plus long terme sur le plan urinaire (infection, miction douloureuse), vaginal (infections, ulcération …), sexuel (dyspareunie…), au moment de l’accouchement et d’ordre psychologique (dépression, stress post-traumatique, faible estime de soi…).
En France, 125 000 femmes sont concernées par les mutilations sexuelles féminines
Plus de 3 millions de jeunes filles sont menacées chaque année par ces pratiques. En France, une estimation a été publiée en 2019. En se basant sur l’hypothèse de la perpétuation de ces pratiques en migration et sur la disponibilité des données permettant d’identifier les personnes à risque, elle rapportait que 125 000 femmes avaient subi des mutilations sexuelles féminines, vivaient en France au début des années 2010.
Un dispositif inédit pour évaluer la prévalence des MSF dans 3 départements français
Une étude soutenue par le Secrétariat d’État aux droits des femmes a été menée dans trois départements. Elle visait à mesurer les mutilations sexuelles féminines et à évaluer la pertinence de la réplication dans toute la France.
Les départements ont été identifiés à partir des pourcentages des femmes nés dans des pays à risque de MSF : un pourcentage fort en Seine-Saint-Denis, un pourcentage moyen dans le Rhône et faible les Alpes-Maritimes.
La population cible se composait de femmes âgées de 18 à 49 ans et originaires d’un pays à risque de MSF, soit parce qu’elles y sont nées, soit parce qu’au moins un de leur parent y est né.
Des professionnels de santé de 41 établissements ont donné, lors des consultations, les questionnaires à la population cible.
La prévalence des MSF varie en fonction de l'année de naissance et du pays d'origine
L’analyse a porté sur 2 431 femmes. C’est en Seine-Saint-Denis que la population à risque de MSF est la plus élevée avec 24,5% (vs 5,3% dans le Rhône et 4% dans les Alpes-Maritime). Dans ce département, les femmes sont issues de pays d’origine où la prévalence de MSF est la plus importante, supérieure à 80%. L’estimation via les questionnaires a permis d’évaluer un taux de MSF à 7,1% pour les femmes âgées de 18 à 44 ans.
A contrario, dans les autres départements où les femmes originaires de pays à risque sont minoritaires, les prévalences de MSF sont plus faibles, 1% dans le Rhône voire moins dans les Alpes-Maritimes.
En Seine-Saint-Denis, pour les femmes originaires des pays à risque, la probabilité d’avoir subi une MSF est estimée à 30% (vs dans le Rhône, 17% dans les Alpes-Maritimes).
L’étude a mis en lumière que la prévalence des MSF variait en fonction de l’année de naissance et du pays d’origine. Les femmes nées avant 1995 sont susceptibles d’être plus concernées par les MSF, tout comme les migrantes première génération par rapport à celles nées en France (deuxième génération).
Mieux cibler la prévention et l'accompagnement des populations à risque
Cette méthode d’évaluation pourrait être pertinente à mettre en œuvre dans les départements où la population originaire des pays à risque de MSF est la plus importante. Puisque la population à risque de MSF est inégalement répartie sur le territoire, cette méthode d’évaluation de prévalence pourrait cibler la prévention auprès des familles et proposer un accompagnement spécifique aux femmes ayant subi des MSF.
Sources :
who.int/fr
beh.santepubliquefrance.fr