Après oubli de contraception, problème d’utilisation du préservatif, rapport sous contrainte, etc, le recours à une contraception d’urgence est une méthode de rattrapage pour éviter une grossesse non désirée. Mais que faut-il connaitre sur son efficacité, ses effets secondaires ? Le point avec les dernières RPC du CNGOF.
Quelles sont les contraceptions d’urgence disponibles en France ?
On compte en France deux méthodes de contraception d’urgence : la contraception hormonale (avec le lévonorgestrel ou l’ulipristal acétate) et la contraception mécanique (DIU au cuivre). Elles agissent à différentes étapes du cycle reproductif, leurs indications diffèrent, tout comme leur accessibilité, avec la gratuité pour les mineures concernant la contraception au lévonorgestrel.
Quelle est la plus efficace ?
Selon la recherche bibliographique réalisée sur la contraception d’urgence par le CNGOF, privilégier une méthode de rattrapage plutôt qu’une autre dépend du délai post rapport non protégé à laquelle on l’utilise. En effet, l’efficacité n’est pas la même selon le moment du cycle.
Ainsi, le lévonorgestrel doit être administré dans les 72h après un rapport non protégé ou si échec de contraception (NP1). Car plus sa prise est proche du rapport à risque plus son efficacité est importante (NP1).
Quant à l’ulipristal acétate, il retarde mieux l’ovulation que le lévonorgestrel en période folliculaire tardive (NP1). Son efficacité est aussi supérieure avant, après 72h, jusqu’à 120h après rapport non protégé (NP1). C’est pourquoi il est recommandé d’utiliser l’ulipristal acétate entre 72 et 120h (Grade A).
Entre 0 et 72h, selon Accord professionnel, le choix entre le lévonogestrel ou l’ulipristal acétate doit tenir compte du coût, de la délivrance en pharmacie et des effets.Mais quoi qu’il en soit, les méthodes hormonales ne sont pas fiables à 100% et l’efficacité est d’autant plus importante que la prise est proche du rapport à risque (NP1).
Il n’a pas été retrouvé d’étude comparant la méthode hormonale et mécanique en contraception d’urgence. Néanmoins, le DIU en cuivre est un moyen de contraception d‘urgence efficace (NP2). En plus d’être une contraception à plus long terme après son insertion (NP2), il peut être posé dans les 5 jours suivant le rapport à risque (NP2).
Y-a-t-il des cas où la contraception d'urgence est moins efficace ?
Le risque d’échec des contraceptions d’urgence est plus important en cas d’IMC ≥ 30. Il serait multiplié par 4,4 avec le lévonorgestrel et par 2,6 avec l’ulipristal acétate mais la contraception d’urgence garde malgré tout une efficacité supérieure à 95% (NP1). Pour ces femmes, le DIU semble être la méthode de contraception d’urgence la plus fiable.
Quelles sont les effets indésirables et les contre-indications ?
Les méthodes de contraception d’urgence hormonales ne comportent pas de contre-indication absolue. Les effets indésirables possibles induits par le lévonorgestrel ou l’ulipristal acétate sont similaires : vertiges, céphalées, nausées, tensions mammaires, douleurs abdominales, saignement et fatigue.
Pour le DIU en cuivre, les contre-indications restent les même que le DIU (malformation utérine, saignements inexpliqués, infection en cours) et les complications possibles sont : la douleur pelvienne, les saignements anormaux, une infection pelvienne, une perforation utérine et l’expulsion.
Faut-il prendre des précautions quand la patiente prend un autre traitement ?
Certains médicaments peuvent compromettre l’efficacité de la contraception d’urgence. Il est donc important de les connaître pour conseiller plutôt une contraception mécanique. Il s’agit de certains médicaments pour traiter l’épilepsie (barbituriques, phénytoïne, primidone, carbamazépine), pour traiter la tuberculose (rifampicine, rifabutine), pour traiter le VIH (ritonavir), pour traiter les infections fongiques (griséofulvine), certains compléments à base de plantes dont le millepertuis.
Aussi, en se liant fortement à la progestérone, l’ulipristal acétate peut interférer avec des médicaments contenant un progestatif. S’il est possible de reprendre une contraception hormonale 5 jours après sa prise associée aux préservatifs pendant 12 jours, il n’est pas recommandé de recourir à cette contraception d’urgence chez les femmes prenant une contraception hormonale au long cours.
Source :
Recommandations du CNGOF concernant la contraception d’urgence. Hamdaoui N & al. Gynecol Obstet Fertil Senol. 2018;46(12):799-805