Jean-Daniel Henry, sage-femme formé à l’hypnose médicale depuis 2012 accompagne les femmes enceintes pour les aider à mieux vivre la grossesse. Il a récemment publié un ouvrage « Vivre pleinement ma grossesse ».
Pourquoi cet ouvrage sur l’hypnose et la grossesse ?
Lorsque Dr Jean-Marc Benhaiem (praticien hospitalier aux centres de traitement de la douleur de l'hôpital Ambroise-Paré et de l'Hôtel-Dieu. Il a créé en 2001 le premier diplôme universitaire d'hypnose médicale au CHU de la Pitié-Salpêtrière) m’a proposé de participer à la collection « J’ose l’hypnose ». Alors, quoi de plus normal pour moi, sage-femme, que d’aborder le thème de la grossesse !
Dans "Vivre pleinement ma grossesse avec l'hypnose", j’ai souhaité transmettre aux femmes enceintes diverses possibilités d’accompagnement grâce à l’hypnose. Il s’agit d’une méthode en vogue en ce moment, mais encore trop méconnue des soignants… Ainsi par ce livre, j’espère également toucher les professionnels en leur donnant des informations sur les champs d’action de l’hypnose durant la grossesse.
Qu’abordez-vous dans votre livre ?
J’ai pensé ce livre comme un livre de chevet pour la grossesse. Ainsi il débute au désir d’enfant et des potentielles complications qu’il peut y avoir, il chemine avec les différentes étapes de la grossesse, de l’accouchement, pour finir avec le post-partum. Il offre aux patientes la possibilité de s’initier à l’autohypnose pour mieux gérer les désagréments de la grossesse, le stress, les douleurs de l’accouchement…
Quels sont les intérêts de l’hypnose durant la grossesse ?
Ils sont multiples ! L’hypnose permet de travailler aussi bien sur des traumatismes anciens, que sur les signes sympathiques de grossesse, sur des inconforts, ou sur la gestion des contractions, ou bien encore sur la naissance en elle-même…
Son effet, par l’accès à un état modifié de conscience entre l’éveil et le sommeil, a d’ailleurs été démontré avec l’I.R.M. fonctionnelle. L’imagerie montre que l’hypnose désactive certaines zones cérébrales tandis que d’autres prennent un relais plus positif.
Est-ce que la lecture seule du livre suffit pour les patientes débutant l’hypnose ?
La lecture seule du livre permet une première approche. Il est important de retenir qu’avant tout, l’hypnose est une relation thérapeutique entre un praticien est un patient, celle-ci va permettre d’avancer plus sereinement à chaque étape de la grossesse. Il est donc intéressant d’avoir recours à un professionnel de santé pour approfondir et apprendre davantage les bienfaits d’une séance.
Lorsque l’on sait que 15 minutes d’hypnose permettent une récupération de 3 heures de sommeil, il semble intéressant de maîtriser cet outil !
Et j’ai une pensée particulière pour mes collègues sages-femmes qui parfois en salle de naissance n’ont pas le temps de se reposer…
Pour les femmes en travail préparées à l’hypnose, quels sont vos 4 conseils à donner aux sages-femmes pour optimiser leur préparation?
Je dirai :
Rejoindre la patiente là où elle se trouve, ce n’est pas à elle de venir vous chercher dans le confort… Acceptez ses sensations et son ressenti. Pensez qu’elle sait mieux que vous ce qui se passe à l’intérieur de son corps !
Respectez son projet, ses besoins sans jugement, soyez discret (e) au bon moment !
Laissez-vous la possibilité de créer un environnement autour de cette patiente plus silencieux plus serein.
Adoptez une voix tranquille, calme, rassurante. Regardez la patiente dans les yeux.
Vous abordez aussi le post-partum, en quoi l’hypnose pourra aider les patientes ?
Dans le cadre du post-partum, la patiente pourra recourir à l’hypnose lors des douleurs de cicatrisation, dans le confort périnéal. Egalement lors de l’allaitement, aussi bien pour augmenter la production de lait que pour réaliser un sevrage tout en douceur. Il y a bien sûr d’autres indications comme le baby blues...
Ces temps-ci, les médecines alternatives subissent les foudres de détracteurs, que diriez-vous à propos de l’hypnose ?
Les méthodes alternatives comme l’homéopathie est actuellement sous le feu des projecteurs, son efficacité et remise en cause, bien que nous sages-femmes l’utilisons fréquemment. Mais les données scientifiques sont essentielles pour le corps médical !
Pour l’hypnose, elle bénéficie de nombreuses études prouvant les capacités du cerveau à atteindre cet état modifié de conscience, ainsi que les applications au bloc opératoire ou dans d'autres domaines…
L’hypnose n’est donc pas dans le collimateur parce qu’elle s'appuie sur de nombreuses études, néanmoins, ce qui compte réellement, c’est avant tout la perception des patientes!