Sage-femme à Genève, Astrid Pascal a l’intime conviction que le zéro déchet et l’écologie devraient intégrer les campagnes de sensibilisation et de santé publique. Elle s’est lancée dans ce mode de vie depuis 5 ans et compte bien diffuser les bonnes paroles auprès des parents pour favoriser leur santé, celle de leur bébé et aussi celle de la planète.
Parole de Sages-Femmes : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours professionnel ?
Astrid Pascal :
Sage-femme diplômée en Belgique, j’ai travaillé plusieurs années dans un CHU à Bruxelles où j’étais polyvalente. Après une expérience 1 an clinique qui ne correspondait pas à mes attentes, je travaille maintenant au sein de la Maison de naissance de la Roseraie à Genève, avec une quinzaine d’autres sages-femmes indépendantes. On y pratique le suivi de grossesse physiologique, le suivi post-partum à domicile et les accouchements naturels, le tout en appliquant le principe du “one-to-one”, en accompagnant le processus naturel d’accouchement lorsque la médicalisation n’est pas nécessaire. Ceci est complétement en adéquation avec mes convictions très orientés vers l’écologie et le respect de la nature au sens large.
PDSF : Vous êtes d’ailleurs très active en termes de mode de vie zéro déchet puisque vous proposez des ateliers aux parents. Quels thèmes abordez-vous ?
Actuellement je n’en propose que très rarement par manque de temps mais la demande est de plus en plus forte. Les demandes sont souvent autour des couches lavables et des produits à utiliser.
Cette année, la Semaine mondiale de l’allaitement maternel était consacrée aux effets de l’alimentation des nourrissons sur l’environnement. Placée sous le slogan « Soutenir l’allaitement pour une planète plus saine ! », à cette occasion, j’ai organisé un atelier zéro déchet et maternité à l’Arcade sage-femme à Genève mais aussi lors du festival Alternatiba avec la Roseraie. J’ai abordé :
L'allaitement maternel puisque c’est le choix le plus économique, le lait maternel est gratuit mais c’est aussi une nécessité écologique, c’est évident. Si l’on devait calculer l’empreinte carbone du lait maternel, elle serait proche de zéro. En effet, l’allaitement maternel ne crée aucun déchet. Il ne nnécessite ni biberons, ni tétines, ni bouteilles d’eau de source en plastique, ni boîtes de lait en poudre et ni vaisselle!
Le lait artificiel n’est pas durable et laisse une pollution considérable sur notre planète : consommation excessive d’eau, huile de palme et sucres ultra-transformés, ressources rares et toxiques pour l’emballage, énergie fossile pour le transport... Il est bien-entendu nécessaire dans certaines situations mais si on a le choix, mieux vaut choisir l’allaitement maternel.
Selon les dernières études, généraliser davantage l’allaitement permettrait d’éviter la mort de 823 000 enfants et de prévenir de nombreuses pathologies infantiles. Il réduirait aussi de 20 000 le nombre de femmes qui meurent chaque année d’un cancer du sein. Dans les pays riches l’allaitement réduit le risque de mort subite du nourrisson de 36% et celui d’entérocolite nécrosante de 58%.
Selon l’IBFAN (International Baby Food Action Network): « nous devrions aussi investir dans une ressource naturelle, renouvelable et durable – l'allaitement maternel. Mais il faut une volonté politique et des mesures concrètes, car l'allaitement n'est pas uniquement une affaire de femmes : protéger, promouvoir et soutenir l'allaitement est une responsabilité de toute la famille, de toute la société».
PDSF : Et qu'en est-il du matériel de puericulture des vêtements, des produits ?
Un bébé est un être minimaliste qui a besoin d’être nourris, d’être propre, d’être au chaud, de recevoir de l’affection, d’être en sécurité, de dormir et d’être transporté.
Ainsi, dans les vêtements pour bébé, il faut rappeler qu’il y a des toxiques, des produits toxiques, le choix de labels ou de seconde main peuvent être une alternative écoresponsable.
Dans les cosmétiques et produits d’hygiène pour bébé, il y a aussi des substances toxiques, on aborde les conseils pour les éviter, les crèmes naturelles et zéro déchet, les couches lavables, l’utilisation du lait maternel comme soin, savon, lingettes, produits solaires.
Les produits ménagers source également une source de pollution importante, c’est pourquoi je propose des alternatives saines pour la lessive, le sol, la vaisselle, la cuisine… Enfin, l’air intérieur plus polluée que l’air extérieur, je mets donc un point d’honneur à la chambre de bébé, toxiques, peintures, vernis, colle, mobiliers, textiles et literie, objets de décoration, jouets et peluches.Je conseille toujours aux parents de lire la série de fiches pratiques sur le site de wecf-france.org qui sont très bien faites pour favoriser un environnement plus sain.
PDSF : Finir l’année avec un bocal de déchet en ayant un bébé, est-ce réaliste ?
“Tu verras avec un enfant c’est impossible d’être zéro déchet”, c’est une excuse ! C’est aussi un devoir en tant que parents de faire tout ce qui est possible pour protéger l’avenir de nos enfants, donc notre planète. Aujourd’hui, je suis enceinte, je pourrais donc vous le dire prochainement, suivez le blog! Mon expérience de sage-femme rend les choses plus faciles, je sais ce qui est réellement nécessaire après c’est un choix parental et d’éducation. Outre les couches lavables, l’allaitement maternel et un accouchement physiologique, nous avons déjà repéré plusieurs moyens de ne pas créer davantage de déchets et de ne pas s’encombrer (location/prêt de vêtements de maternité, d’un lit co-dodo, de vêtements pour bébé/enfants, de jouets…).
Mon expérience zéro déchet me pousse à dire que c’est totalement possible. Oui, le changement paraît souvent difficile dans la tête, ou de premier abord, mais la vie est plus facile en zéro déchet. Plus économique, plus enthousiasmante, plus créative, plus saine, plus simple et ne demande pas plus de temps, une fois les habitudes acquises. La plus grande difficulté pour les gens c’est de changer ses habitudes !
Références :
Breastfeeding -The Lancet
10 faits sur l'allaitement maternel - who.int