La rupture utérine est un événement rare, entre 0,1% et 0,5% en cas d’utérus uni-cicatriciel selon le CNGOF, et pour une étude américaine, 0,08% tout accouchement confondu. Mais l’issue peut être fatale pour la mère et l’enfant.
Dans cette grande étude, des chercheurs suédois ont exploré les facteurs de risque associés au mauvais état néonatal, en cas de rupture utérine complète
Pour cela, ils ont analysé les données du registre national des naissances de Norvège. Ils ont inclus tous les accouchements avec ruptures utérines complètes survenant après le début du travail dans toutes les maternités norvégiennes de 1967 à 2008, 253 naissances sur un total de 2 455 797.
Leur objectif était d’identifier les facteurs de risque associés à l’état néonatal : nourrisson en bonne santé, décès intrapartum ou infantile, encéphalopathie hypoxique ischémique et l’admission à l’unité de soins intensifs néonatals.
Quels sont les résultats ?
Après l’exclusion de 9 décès fœtaux anténatals, l’échantillon final comprenait 244 nourrissons.
Ils ont observé un nombre plus important de ruptures utérines entre 2000 et 2008 (120) comparativement à la période 1978-1988 (20).
Parmi les nourrissons :
23% ont nécessité une hospitalisation en unité de soins intensifs néonatals contre 44,7% en bonne santé.
6% avec une hémorragie intra-cérébrale, avec des séquelles à 5 ans pour deux d’entre-eux
26,4 % sont décédés (64 enfants dont 38 décès intrapartum, 25 en moins de 28 jours et 1 à 2 mois).
Sur les 244 naissances avec rupture utérine:
80 sont survenues chez des femmes avec un utérus non cicatriciel
169 ont été détectées pendant la césarienne en urgence et 75 dans le postpartum de la laparotomie après un accouchement vaginal.
La majorité des ruptures utérines découvertes dans le postpartum sont celles pour les femmes avec utérus sain, 51,3% (contre 21,7% pour les utérus cicatricels).
A partir du moment où la rupture utérine a été diagnostiquée, 90 nourrissons sont nés dans un délai inférieur à 20 minutes, 104 entre 20 et 30 minutes et 49 au-delà de 30 minutes (plus fréquent sur la période entre 1967 et 1977).
Les accouchements après minuit étaient associés à un risque augmenté de 4,3 de décés intrapartum et infantile comparativement à la période entre 8 et 15h.
Un délai supérieur à 30 minutes avant la naissance de l’enfant était lié à un risque augmenté de décès intrapartum et infantile de 16,7 par rapport à un délai de 20 minutes.
Chaque minute passée jusqu’à la naissance a augmenté d’environ 10% le risque de décès intrapartum et infantile.
Avec les progrès, les décès ont diminué au fil des années, néanmoins la rapidité entre le diagnostic de la rupture utérine et la naissance est un élément essentiel pour sauver des vies.
Les formations avec simulation peuvent constituer une bonne stratégie pour agir efficacement dans ce type de situation exceptionnelle.
Références :
Infant outcome after complete uterine rupture - Am J Obstet Gynecol. 2018 Jul;219(1):109.e1-109.e8. doi: 10.1016/j.ajog.2018.04.010
Uterine rupture and dehiscence: ten-year review and case-control study. 2002 Apr;95(4):431-5.
CNGOF RPC utérus cicatriciel 2012 - Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français. Recommandations pour la pratique clinique : Accouchement en cas d’utérus cicatriciel (2012)