Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) représente la première cause de handicap mental non génétique évitable, pourtant la consommation d’alcool pendant la grossesse, en France, n’est pas rare. C'est pourquoi une journée de sensibilisation lui est consacré le 9 septembre.
L’enjeu
Consommer de l’alcool pendant la grossesse peut impacter négativement le cerveau du fœtus et le développement de son système nerveux central quel que soit le moment de la grossesse. L’alcool franchit la barrière placentaire et plus l’alcoolisation fœtale est importante plus les effets tératogènes sur le fœtus le seront également.
A ce jour, aucune étude ne nous permet de définir un seuil sûr pour lequel une consommation d’alcool serait envisageable pendant la grossesse. Des recherches sur le sujet sont le plus souvent basées sur des témoignages maternels, donc avec une méthodologie imparfaite et des données imprécises . C’est pour cette raison que le principe de précaution, « zéro alcool pendant la grossesse » est diffusé auprès des femmes enceintes.
Des chiffres et des diagnostiques sous-estimés
Santé publique France a publié une analyse des données du programme de médicalisation des systèmes d’information en France entre 2006-2013 en ce qui concerne la surveillance des troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Dans cette étude, on retrouve :
452 enfants avec un diagnostic de syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) et 2755 avec troubles causés par l’alcoolisation fœtale (aTCAF).
Une fréquence de SAF plus importante à la Réunion, 5 fois plus que le taux national
Les estimations de consommation d’alcool par les femmes enceintes sont assez variables, dans l’enquête Baromètre santé 2017 : « Parmi des mères d’enfants de moins de 5 ans, 11,7% déclaraient avoir consommé de l’alcool au cours de leur dernière grossesse, 10,7% déclaraient l’avoir fait uniquement pour les grandes occasions, moins d’1% déclaraient avoir consommé plus d’une fois par mois mais moins d’une fois par semaine et enfin, moins d’1% également déclaraient avoir consommé de l’alcool une fois par semaine ou plus".
Dans une étude menée auprés de 153 femmes en Espagne, si elles étaient 2,6% à déclarer une consommation d’alcool plus d’une fois pendant la grossesse, la recherche de l’éthyl‑glucuronide dans leurs cheveux révélait une consommation non négligeable pour 63% d’entre elles et excessive pour 2%.
Près de 4 femmes enceintes sur 10 rapportaient dans l’enquête Baromètre santé 2017 ne pas avoir été informées des risques liés à la consommation d’alcool. Les professionnels de santé ont donc un grand rôle à jouer pour informer les patientes !
Références :
santepublique.fr
BMA 2007
Gray et Henderson 2006 RCM 2010
Andler R, Cogordan C, Richard J‑B, Demiguel V, Regnault N, Guignard R, Pasquereau A, Nguyen‑Thanh V. Consommations d’alcool et de tabac durant la grossesse : résultats du Baromètre santé 2017. Santé Publique France; 2018
Gomez‑Roig MD, Marchei E, Sabra S, Busardò FP, Mastrobattista L, Pichini S, et al. Maternal hair testing to disclose self‑misreporting in drinking and smoking behavior during pregnancy. Alcohol. 2018;67:1‑6.