Les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI) concernent la rectocolite hémorragique (RCH) et la maladie de Crohn. Avec 200 000 nouveaux cas par an, en France, les femmes en âge de procréer ne sont pas épargnées.
En cas de grossesse, un suivi multidisciplinaire s’impose en raison du risque éventuel de complications, alors quelle prise en charge ? L’Association Américaine de Gastro-entérologie (AGA) a publié des recommandations.
Encourager à consulter dès le désir de grossesse
La prise en charge des femmes atteintes de MICI doit être coordonnée par plusieurs professionnels de santé, gastro-entérologue, gynécologue-obstétricien, sage-femme, nutritionniste, psychologue… du désir de grossesse au post-partum. La planification d’une grossesse est à discuter, car une rémission de 3 à 6 mois avant la conception diminue le risque de poussée pendant la grossesse et en post-partum.
Une attention particulière sur le plan nutritionnel pendant la grossesse
La grossesse expose les femmes à des carences, notamment en fer et à des problèmes de constipation. Chez la patiente atteinte de MICI, les troubles digestifs peuvent s’aggraver et encore plus en cas de prise de compléments à base de fer, alors qu’elles sont plus à risque de carence en fer et en vitamine B12. L’AGA préconise alors de réaliser un dosage de fer et de vitamine B12 dès le 1er trimestre de grossesse et d’adapter la supplémentation en fonction des besoins. Une consultation chez un nutritionniste s’avère aussi utile pour sensibiliser la patiente à une hygiène alimentaire équilibrée afin de limiter les carences, les douleurs abdominales et les troubles digestifs.
Pour les femmes souffrant d’une atteinte iléale traitées par des thérapeutiques interférant avec le métabolisme de l’acide folique ou suivant un régime sans résidu, une prise d’acide folique à 2mg/ est recommandée.
Enfin, la prise de poids insuffisante est également un élément dont il faut tenir compte, car il multiplie par 2 le risque de retard de croissance intra-utérin et d’accouchement prématuré.
Le traitement pendant la grossesse
De façon général, en cas de traitement d’entretien, la monothérapie est préférable. Les aminosalicylates (Pentasa ®), produits biologiques (anti-TNFα comme Humira ®, Remicade ®) ou immunomodulateurs (Imuran ® , Purinethol ® peuvent être poursuivis pendant la grossesse et jusqu’à l'accouchement. La poursuite du traitement biologique pendant la grossesse a été associée à une réduction des poussées, à une diminution de l'activité de la maladie et à une diminution du nombre de poussées post-partum, avec une incidence plus faible de complications pendant la grossesse.
Par contre les corticostéroïdes peuvent être prescrits transitoirement en cas de poussée, mais sont à éviter pour le traitement d’entretien en raison des risques élevés d’accouchement prématuré, de faible poids de naissance et de diabète gestationnel.
Le traitement adapté doit être poursuivi jusqu’à l’accouchement, mais pour diminuer le passage transplacentaire au moment de l'accouchement, la posologie peut être ajustée pour atteindre les concentrations plasmatiques les plus faibles du médicament à la date estimée d'accouchement. La dernière injection d’Humira ® et de Rémicade ®, respectivement 2 à 3 semaines et 6 à 10 semaines avant l’accouchement.
Le mode d’accouchement
La voie d’accouchement d’une patiente atteinte de MICI est fonction des indications obstétricales habituelles. Elle peut donc tout à fait accoucher par voie basse. Néanmoins, pour les patientes présentant une fistule recto-vaginale ou un antécédent de chirurgie IPAA (ileo-anale anastomose) il est recommandé une césarienne pour limiter les lésions périnéales graves et les risques d’incontinence anale.
Après l’accouchement
Les médicaments spécifiques des MICI peuvent être repris après l’accouchement à l’exception du méthotrexate. En ce qui concerne les produits biologiques, ils peuvent être repris en l’absence d’infection 24 heures après un accouchement voie basse et 48 heures après une césarienne.
La majorité des médicaments étant indétectable dans le lait, les aminosalicylates (préférentiellement Pentasa ®) , les thiopurines, et les anti TNFα sont envisageables en cas d’allaitement.
La vaccination de l’enfant
Les vaccins peuvent être administrés chez l’enfant, selon les recommandations en vigueur. Cependant, en cas d’exposition in utero, au troisième trimestre à un traitement biologique (autre que le certolizumab), il est recommandé d’éviter les injections de vaccins vivants au cours des 6 premiers mois de vie.
Sources :
Observatoire national des MICI
INSERM