L’Académie nationale de médecine a publié récemment un rapport sur l’endométriose dans lequel les auteurs alertent sur la composante « préoccupante » de cette pathologie et proposent des recommandations pour améliorer la prise en charge.
L’endométriose est une pathologie chronique qui touche 10% des femmes. Si plusieurs théories sont avancées, dont celle du reflux menstruel par voie tubaire, pour expliquer son apparition, ses mécanismes physiopathologiques restent encore mal connus. Il est donc urgent que la recherche se développe, car cette maladie est un véritable problème de santé publique, touchant aussi bien au côté médical, sociétal et économique. Invalidante, elle impacte la fertilité, la sexualité, la vie conjugale, familiale et professionnelle des femmes. Et avant même que le diagnostic soit posé, des femmes devront attendre en moyenne 7 ans pour être traitée, faute d’écoute du corps médical ou de formation. Les enjeux pour améliorer la prise en charge de cette pathologie singulière se situent donc à plusieurs niveaux.
Ainsi l'Académie Nationale de Médecine propose de couvrir plusieurs champs de la pathologie en plaidant pour ces 5 recommandations :
1. Mettre en place une véritable stratégie d’information destinée au grand public, aux réseaux associatifs, aux médias spécialisés
2. Élaborer un vaste plan de formation afin de réduire de façon drastique le retard au diagnostic initial et améliorer les prises en charge
Au collège et au lycée, dans le cadre de l’enseignement des Sciences de la Vie et de la Terre
Par la formation initiale des étudiants en médecine, des sages-femmes, des infirmières et de tous les professionnels de santé confrontés à cette pathologie
Par la formation continue (DPC) des médecins en exercice avec validation des compétences
En sensibilisant les praticiens en imagerie aux indicateurs de l’endométriose
3. Définir un parcours de soins spécifique tenant compte des exigences médicales, sociétales, conjugales et professionnelles
Faciliter le diagnostic par le biais de notices explicatives dans les cabinets des professionnels de santé, d’auto-questionnaires, par la création de consultations ou téléconsultations de premier recours
Promouvoir la création de Centres de Référence à l’échelon régional en les dotant de moyens humains, matériels et financiers significatifs
Organiser des réseaux multidisciplinaires régionaux intervenant à toutes les étapes de la prise en charge
Collaborer avec les associations de patientes
4. A l’échelon national
Création d’un observatoire National de Recherche sur l’Endométriose pour développer et soutenir la recherche fondamentale, clinique et économique
Création d’un Registre National de l’Endométriose afin de mieux connaitre l’épidémiologie et les mécanismes de cette pathologie à expression multiple et améliorer les pratiques médicales
Établir un label spécifique pour les Centres Régionaux de Référence en fixant des objectifs d’activité et de suivi
5. Décréter l’Endométriose « Cause Nationale » avec pour objectif ambitieux et prioritaire de se doter de tous les moyens pour promouvoir la santé de la femme
Il est temps que tous les professionnels de santé en lien avec la santé des femmes s'emparent de tout ce qui touche à l'endométriose ! Trop de retard a été accumulé, pour rappel, l’endométriose a intégré le programme des études médicales du deuxième cycle que depuis 2020…