Lorsque Laura-Charlotte n’est pas de garde à la maternité d’Antoine Béclère, elle s’implique aux côtés de l’Association pour le Développement de la Santé des Femmes (ADSF) pour offrir des soins aux plus démunies. Nous l'avons rencontrée.
Pourquoi cet engagement dans une association ?
Je me suis toujours intéressée aux missions humanitaires. j’ai sauté le pas une fois mon diplôme en poche, en 2016. L’Association pour le Développement de la Santé des Femmes (ADSF) avait déjà attiré mon attention alors que j’étais étudiante.
Pouvez-vous nous raconter votre 1ère mission ?
Après un entretien, j’ai participé à ma première maraude, un après-midi d'août 2016. Au départ, j’appréhendais, mais on est très vite mis dans le bain et puis j'étais accompagnées par deux bénévoles expèrimentées. C'est assez rassurant ! C’était dans un bidonville, à Saint-Denis. Ici, les femmes sont peu nombreuses à parler français, alors on vérifie les résultats de leurs examens, on les oriente, on les aide à prendre leur rendez-vous dans les PMI ou dans les centres les plus accessibles.
L’objectif est de les intégrer dans le système de santé. Pour celles qui n’ont pas l’ouverture de droits sociaux, on leur fournit une attestation de présence sur le territoire afin d’entamer les procédures pour l’obtention de l’AME (aide médicale de l'État).
Quelles sont les autres actions ?
On intervient en banlieue parisienne, mais aussi à Paris intra-muros. Par exemple, à la Halte Femmes (Paris XII), centre d’accueil pour les femmes sans domicile fixe, on leur propose de réaliser un frottis, elles peuvent assister à un groupe de parole autour de l’anatomie, la sexualité, la contraception, sur l’importance d’un suivi gynécologique, etc. Il y a aussi des entretiens psychologiques pour celles qui en ressentent le besoin, leurs conditions de vie sont tellement difficiles… Nous allons également dans les hôtels sociaux, où nous offrons les mêmes actions.
Le premier samedi du mois, le local de l’association propose aux femmes un accueil « hygiène, santé ». On leur distribue des vêtements, des protections hygiéniques, elles ont la possibilité de bénéficier d’une manucure, d’un frottis, d’un entretien psychologique…
Quelles sont les missions les plus difficiles ?
Les maraudes dans les rues. Les femmes se cachent et sont plus difficiles à rencontrer, elles sont plus méfiantes…
Comment êtes-vous accueillis pour ces interventions ?
On est plutôt bien accueillis. Il peut y avoir un peu de méfiance au départ ou certaines estiment qu’elles n’ont besoin de rien. Mais la plupart du temps, elles sont ravies de nous voir.
Le plus marquant dans ces missions ?
Le plus marquant, leurs parcours ! On rencontre de plus en plus de migrantes, leur vie est compliquée, elles ont traversé des épreuves plus que difficiles (perte d’un enfant, violences physiques, sexuelles …), elles sont loin de leur famille, de leurs enfants,mais elles ont la force de continuer. Je suis vraiment admirative !
Peut-on concilier son activité professionnelle et ces missions ?
Il est tout à fait possible de mener sa vie professionnelle tout en participant aux maraudes. Pour ma part, j’essaye au moins une fois par mois. On dispose d’un agenda en ligne qui nous permet de nous organiser pour les missions. C’est vraiment quand on peut. Ce mode de fonctionnement est adapté à notre planning de sage-femme.
Que diriez-vous aux sages-femmes qui souhaiteraient entreprendre des actions dans ce type d’association ?
Il y a une bonne ambiance et ces expériences sont vraiment très enrichissantes, tant personnellement que pour sa pratique quotidienne. Lorsqu’aujourd’hui, j’accueille à l’hôpital une patiente dans des conditions précaires, je comprends mieux son parcours social et ses difficultés.
Et bien sûr, dans de telles missions, on se sent vraiment utile et c’est gratifiant de voir ce que l’on peut apporter à ces femmes!
©ADSF