Aux Pays-Bas, les mères qui viennent d’accoucher rentrent à leur domicile avec un suivi sage-femme, mais aussi avec le soutien d’une Kraamzorg. Delphine Petit-Postma exerce ce métier et livre ses précieux conseils aux mères à travers l’ouvrage « Un post-partum en douceur ».
Des conseils et astuces calqués sur le modèle néerlandais
La kraamzorg aide les mères aux quotidiens et a de nombreuses missions. Elles passent de la vérification de la cicatrice de césarienne, à la surveillance du poids du nouveau-né, de l’ictère, en passant par l’apprentissage du bain, au soutien de l’allaitement, à préparer les premières sorties en poussette ou encore, à se rendre à la mairie pour des procédures administratives… La kraamzorg travaille en étroite collaboration avec une sage-femme.
On peut dire qu’elle est omniprésente en s’impliquant dans la vie du foyer et l’intendance et accompagne les mères, les couples dans les premiers jours qui suivent la naissance de l’enfant. Delphine Petit-Postma exerce cette profession qui n’existe pas en France, pourtant les mères en rêveraient !
Dans « Un post-partum en douceur », elle partage ses conseils et des astuces pour que le retour à la maison soit le plus serein possible en impliquant l’entourage. Et oui, de quoi les mères ont-elles besoin de visites ou de bons petits plat pour manger équilibré - ou manger tout court ?!
L’ouvrage est ponctué de témoignages de parents sur leur vécu du post-partum, mais on se cultive aussi sur les traditions des Pays-Bas.
Saviez-vous, par exemple, que les maisons étaient décorées pour célébrer la naissance ? Pour la petite histoire, les maisons sont ornées au moment de la naissance d’un panneau sur lequel est dessiné une cigogne ou une tétine et où on peut lire « ici est né… avec le prénom de l’enfant et sa date de naissance ». Cette célébration dure six semaines après l’accouchement.
Trois questions à Delphine Petit-Postma
Comment est né ce projet d’écriture ?
Tout a commencé par une rencontre avec ma co-autrice qui est Marion Joseph. Elle est journaliste au Figaro, rédactrice en cheffe adjointe, elle a un compte Instagram et un blog « Parlonsmaman ». Comme j’aime bien lire ses articles, je lui ai envoyé un message en lui parlant de mon métier atypique et je lui ai demandé si elle souhaitait m’interviewer. J’ai tellement de choses à dire sur cette profession, mais je ne suis pas écrivaine ! Mais Marion est journaliste. Notre échange a tout de suite découlé sur le projet d’écriture. C’était comme une évidence. On s’est rencontrée à Paris et on a tout de suite commencé à travailler…
Et en plus, j’ai eu la chance que le livre soit préfacé par Anna Roy.
Quel est l’objectif de cet ouvrage ?
Transmettre l’information ! Je publie sur Instagram, je participe à des podcasts. Le livre c’est la continuité de cette transmission. Il peut être prêté, offert. Et lorsqu’on est enceinte, on a tendance à lire des livres.
Il est essentiel d’informer avant ce qui se passe après. Beaucoup de femmes sont focalisées sur l’accouchement et après elles pensent qu’elles sont en roues libres, alors que c’est après que tout commence…
Je suis surprise de voir que les mères sont encore étonnées que l’après-naissance puisse être difficile.L’objectif d’ « Un post-partum en douceur » c’est de dire que le post-partum est un événement physique et psychologique, que cela ne sera par forcement l’horreur, il y aura des périodes douloureuses, compliquées, peut-être aussi des larmes, mais cela peut aussi très bien se passer. À travers l’ouvrage on donne des pistes pour savoir quoi faire et vers qui se tourner.
Le livre est accessible à tous, professionnels, conjoint, grands-parents…
Quels sont les principaux messages délivrés dans ce livre ?
Il y a des grands-parents qui peuvent se sentir rejetés au début, car le couple n’a pas forcément envie de les voir tout le temps au début. Je les rassure en leur disant que les parents ont juste besoin de rencontrer ce bébé et qu’après ils auront une place de choix dans la vie de cet enfant : les gardes du mercredi, les vacances scolaires, les grèves d’école…
Il faut réexpliquer aux familles que la femme a fait l’équivalent d’un marathon sans préparation, sans récupération et qu’il est important de l’autoriser à trouver le post-partum difficile et fatigant.Avant les femmes n’osaient pas le dire, avant il y avait aussi plus d’entraide familiale, puis les femmes ne faisaient pas carrière comme maintenant.
Je leur rappelle l’importance de rester au calme, au chaud, de bien se nourrir, on trouve d’ailleurs des recettes dans le livre d’une nutritionniste belge francophone qui vit aux pays bas.
Aussi, ce qui est important d’expliquer c’est que je travaille en étroite collaboration avec les sages-femmes, je suis les oreilles et les yeux des sages-femmes. Il n’y a pas du tout de concurrence, c’est vraiment un duo.
Mon métier pourrait faire beaucoup pour la cause des femmes.Dans l’ouvrage, j’ai eu aussi envie de parler des traditions comme le kraampakket. Vers la trentième semaine de grossesse, les femmes reçoivent par le biais de leur assurance un colis dans lequel se trouve le matériel nécessaire à l’accouchement (protections hygiéniques, culotte filet, compresses stériles, alèses, gel hydroalcoolique…). Pour les femmes qui n’ont pas cette prise en charge via leur assurance, il faut compter 25 et 35€ pour la commander.
En faisant connaître votre profession votre livre n’est-il pas la promotion de la kraamzorg pour que la France puisse s’inspirer de ce modèle ?
In fine, cela serait génial ! Mais surtout ce qui serait génial, c’est que les femmes qui sortent de la maternité ne se retrouvent plus seules et démunies. Les nouveau-nés d’aujourd’hui sont les citoyens de demain, il est impératif d’investir dans cet accompagnement pour leur santé future.
Aux pays bas, le taux de dépression post-partum est de 13% moindre qu’en France, on peut se demander si cet accompagnement spécifique n’y est pas pour quelque chose.