Idrissa Kabore est sage-femme au Burkina Faso depuis 2009. Après avoir exercé dans un centre médical, puis dans un centre de santé et de promotion sociale dans une commune rurale, il a intégré en 2017 une organisation internationale Marie Stopes. Rencontre avec Idrissa.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’organisation Marie Stopes? Quel est votre rôle au sein de celle-ci ?
Cette organisation internationale intervient dans le domaine de la santé de la reproduction et plus particulièrement dans la planification familiale. L’ONG Marie Stopes, est une organisation à but non lucratif intervenant dans 40 pays, particulièrement dans les pays en voie de développement. Elle offre les services de planification familiale dans les zones les plus reculées du pays gratuitement avec l’appui des bailleurs de fonds. Elle a pour slogan : « Des enfants par choix et non par surprise ».
Mon rôle s'articule principalement autour des services de planification familiale tels que l’insertion des implants, la pose de dispositif intra-utérin. J’assiste également un médecin dans les interventions de ligature des trompes en mini laparotomie (Nous appliquons une technique qui est propre à Marie Stopes).
Pourquoi avoir choisi sage-femme ? Au Burkina, combien y a-t-il d’hommes sages-femmes ?
Pour dire vrai, je n’ai pas choisi la profession de sage-femme car c’est à la suite de ma réussite au concours parmi 3. Et j’ignorais complètement les missions d’un maïeuticien. L’amour de la profession est survenu durant la formation et je suis très fier d’être sage-femme aujourd’hui.
Le nombre d’hommes sages-femmes au Burkina est environ 30% de l’effectif.
Quelle place pour les sages-femmes au Burkina ? Comment souhaiterez-vous que le statut des sages-femmes s’améliore ?
Au Burkina Faso, la sage-femme fait partie du corps paramédical, elle est souvent reléguée au second plan après les infirmiers. C’est une profession en manque de reconnaissance, tant sur le terrain que dans les postes et fonctions occupées dans l’organigramme du système de santé.
Depuis quelques années, la formation est ouverte à des instituts privés qui pour la recherche du gain bâclent la formation.
Je déplore l’absence d’instituts diplômants dans la formation continue des sages-femmes. Les conditions de travail sont aussi très dures avec une charge de travail très importante. Le nombre de plateaux techniques est insuffisant , tout comme la rémunération...
Personnellement, je souhaiterais que le niveau de la formation soit relevé, que la sage-femme intègre le corps médical, et que des offres de postes à responsabilité s’élargissent dans le système de santé.
J’aimerais également que l'on puisse obtenir des bourses pour se former, que l'on nous propose des possibilités de formation en santé publique, en procréation médicalement assistée, en échographie et en nutrition.