Douleurs chroniques, asthénie, les traitements de l’endométriose sont limités, certains invasifs, d’autres peuvent même interférer avec la fertilité. Selon cette étude, la diététique est aussi à prendre en considération dans le traitement et la prévention de cette maladie.
L’endométriose est une pathologie, concernant 1 femme sur 10, dans laquelle du tissu endométrial se développe en dehors de la muqueuse utérine (ovaires, trompes de Fallope, paroi abdominale, intestins…). Cette pathologie complexe est susceptible d’entraîner des douleurs (dysménorrhées, douleurs pelviennes, lombaires), une fatigue chronique, une dyspareunie, des troubles digestifs, urinaires, une infertilité.
Les traitements sont limités pour réduire la douleur, les traitements hormonaux peuvent interférer avec la fertilité et l’intervention chirurgicale visant à pratiquer une hystérectomie est invasive.
L’alimentation pourrait jouer un rôle dans la prévention et le traitement de l’endométriose.
Cet article publié dans « Frontiers in nutrition » compile les preuves des bénéfices du régime alimentaire sur l’activité œstrogénique et les processus inflammatoires liés à l’endométriose.
Attention à certaines graisses alimentaires
La quantité et le type de graisse sont des facteurs modulateurs de l’endométriose. La consommation d’acide palmitique (acide gras saturé principalement de la viande et des produits laitiers) et de gras trans était associée à un risque élevé d’endométriose. Par contre, la consommation totale de graisse ne prédisposait pas au même risque (1).
Des graisses pourraient être protectrices, une étude montrait que les femmes préménopauses qui consommaient le plus d’acides gras oméga-3 étaient le moins susceptibles de recevoir un diagnostic d’endométriose par rapport aux femmes qui en consommaient moins (1).
Les oestrogènes jouent un rôle dans la pathogenèse de l’endométriose. Des études ont montré que la réduction des graisses alimentaires et l’augmentation des fibres alimentaires diminuent la concentration d’oestrogènes de 10 à 25% (2-3-4).
Des études prospectives ont montré des corrélations entre la consommation de viande rouge et le risque de développer une endométriose (5,6).
Les femmes qui consomment plus de 2 portions de viande rouge quotidiennement présentaient un risque plus élevé de 56% d’endométriose comparativement à celles consommant moins d’une portion hebdomadaire de viande rouge (RR 1,56, IC à 95 % 1,22, 1,99) (6).
De même, une étude italienne a rapporté un risque accru de développer une endométriose associée à une consommation plus élevée de bœuf, d'autres viandes rouges et de jambon (5 ). Consommer de la viande rouge peut être associée à des niveaux plus élevés d'estradiol et de sulfate d'estrone, et par conséquent à des concentrations plus élevées de stéroïdes, une inflammation et le développement de l'endométriose (7 ).
La consommation de viande rouge est susceptible de favoriser l'expression de marqueurs pro-inflammatoires, qui semblent être impliqués dans la pathogenèse et la progression de l'endométriose ( 8 ).
Facteurs alimentaires et rôles dans l'endométriose
Les plantes
Les régimes à base de plante présentent un intérêt clinique sur la réduction de l’inflammation (9).
Dans une étude menée sur des femmes souffrant de dysménorrhées, un régime végétalien faible en gras réduit l’activité des oestrogènes. Celui-ci a réduit également la gravité, la durée de la douleur ainsi que les symptômes prémenstruels.(10).
Les fibres de fruits réduisent dans deux études le risque d’endométriose (11/12).
Les algues
Plus la consommation d’algues est élevée plus les concentrations d’oestradiol sont faibles (13). Ceci pourrait expliquer les effets protecteurs contre le cancer du sein et la diminution de l’incidence de la mortalité du cancer du sein postménopausique au Japon (14).
La consommation d’algues pourrait donc agir sur l’endométriose, mais à ce jour, cette piste nécessite des recherches plus approfondies.
La vitamine D
Un faible niveau de vitamine D, était associé, dans une méta-analyse de 2020, à risque accru de diagnostic d’endométriose et de symptômes (15).
Un essai randomisé contrôlé par placebo mené auprès de femmes atteintes d’endométriose, a montré que 50 000 UI de vitamine D toutes les 2 semaines pendant 12 semaines ont diminué la douleur pelvienne, la protéine C réactive de haute sensibilité et à une augmentation de la capacité oxydante totale, ce qui pourrait conférer un effet antioxydant et anti-inflammatoire (16).
Les antioxydants
Les radicaux libres, générés par des processus physiologiques ou bien par l’exposition à des facteurs environnementaux, entraînent un stress oxydatif et des dommages ou la mort cellulaire, facteurs susceptibles de faire apparaitre des pathologies (17).
Une étude a montré que les femmes atteintes d’endométriose présentaient un apport de vitamine C inférieur de 30% et consommaient 40% de moins de vitamine E par rapport aux femmes non atteintes d’endométriose (18). Un autre essai contrôlé randomisé a montré qu’un apport en vitamine C et E diminuait significativement les symptômes de l’endométriose comparativement au placebo (19).
"Que ton alimentation soit ton seul médicament !" (Hyppocrate)
Cette revue montre que la nutrition peut apporter des bénéfices chez les femmes atteintes d’endométriose.
La consommation de viande rouge, de gras trans, d’acide palmitique sont facteurs favorisants les risques d’endométriose alors que les aliments d’origine végétale, comme les fibres, les antioxydants, la vitamine D sont au contraire des facteurs de prévention.
L’impact de la nutrition dans l’endométriose est un sujet passionnant et surtout d’intérêt public puisque les traitements sont à ce jour insatisfaisants.