Jade Merrer est sage-femme en recherche clinique. Après avoir obtenu en 2016 une Bourse de Recherche de la Fondation Mustela pour son master Méthodes en santé publique consacré à la surconsommation médicale des grossesses à bas risque, elle a remporté en 2018 une bourse de recherche en maïeutique pour sa thèse qu’elle consacre à "l’analgésie pour le travail obstétrical et la satisfaction maternelle". Rencontre avec cette jeune femme plein d’ambition !
Quel est votre parcours jusqu'à ce jour?
J’ai réalisé mes études de sage-femme à Brest (29) et j’ai obtenu mon diplôme en 2014. J'ai tout d'abord travaillé dans une petite maternité de niveau 1. Durant cette période, j'ai réalisé un Master 1 méthode en santé publique en e-learning. Je suis ensuite arrivée à Paris pour poursuivre par un Master 2 recherche en épidémiologie.
Durant le M2, j'ai eu la chance d'être accueillie au sein de l'équipe de recherche INSERM en épidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique (equipe EPOPé) du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques Sorbonne Paris Cité (CRESS).
J'ai ensuite travaillé comme ingénieur d'étude dans un centre d'investigation clinique spécialisé dans la recherche clinique en périnatalité. J'ai pu participer au montage et à l'analyse de plusieurs projets de recherche en lien avec la maternité. Durant cette période, j'ai également préparé mon projet de thèse pour lequel j'ai un financement depuis le mois d'octobre 2018, au sein de l’équipe EPOPé.
Pourquoi vous êtes-vous lancée dans la recherche ?
Mes premières années d'exercice clinique m'ont conduite à de nombreuses réflexions personnelles non seulement sur les pratiques en périnatalité mais aussi sur l'organisation des soins pour répondre aux besoins et demandes des couples. C'est ce qui m'a amené à compléter ma formation pour acquérir les bases théoriques de l'évaluation des pratiques, la conduite de projet en épidémiologie et les différentes techniques d'analyses statistiques.
Je souhaitais également pouvoir contribuer à mon niveau à une meilleure visibilité de la profession sage-femme sur le plan universitaire.
Qu'est-ce que la recherche vous a apporté ?
Ce début de parcours est très enrichissant aussi bien personnellement que professionnellement. Il me permet de prendre le temps de questionner réellement nos pratiques et cela en collaboration avec des personnes dont les champs de recherche sont très diversifiés, de l'épidémiologie aux sciences humaines.
J’ai aussi découvert l'enseignement puisque durant ma thèse je suis chargée de TD en statistiques. C'est une nouvelle expérience, de nouvelles méthodes à acquérir et c'est donc très stimulant!Cela m’a permis également de participer à différents groupes de travail au sein du Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) et en collaboration avec d’autres sociétés savantes notamment dans le domaine de l’analgésie obstétricale puisqu’il s’agit de ma thématique de recherche actuelle.
Quels sont vos champs d'investigation ?
je dirais que le fil conducteur de mes recherches se trouve être l'évaluation des pratiques cliniques. Par exemple lors de mon master 2 je me suis intéressée au suivi prénatal des femmes à bas risque en France et les déterminants de la sur-utilisation des consultations et échographies anténatales. Nous avons étudié les facteurs associés à cette sur-utilisation et quelles seraient les pistes d'amélioration du suivi des femmes enceintes en France.
Pour ma thèse, ma thématique de recherche est maintenant l’analgésie obstétricale. Cela s’inscrit de nouveau dans l’évaluation de nos pratiques en maïeutique puisque je m’intéresse dans un premier temps aux facteurs associés aux différents types d’analgésie durant le travail (aucune analgésie, périmédullaire, non médicamenteuse ou une combinaison des deux types).
Nous cherchons à savoir si le recours aux différents types d’analgésie est dépendant de facteurs liés uniquement aux femmes ou aussi aux caractéristiques de la structure dans laquelle elles ont accouché. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons à la satisfaction des femmes vis-à-vis de l’analgésie dont elles ont bénéficié durant le travail. Nous avons l’opportunité d’étudier le point de vue des femmes sur leur analgésie, nous espérons ainsi améliorer la prise en compte des attentes et demandes des femmes dans le contexte du travail obstétrical.