Même pas trentenaire, Louis Maltais a déjà vécu plusieurs vies… Aujourd’hui, si on parle de lui c’est parce qu’il est le premier homme sage-femme au Québec et qu’il est aussi à l’affiche d’un documentaire !
Vous êtes sage- femme depuis juin 2018, mais avant vous étiez dans un tout autre domaine…
J’ai travaillé dans le monde artistique : gymnaste, art du cirque, danse… Cela m’a permis de voyager, d’apprendre à mieux me connaître et à réfléchir sur ce que je voulais faire de ma vie.
Et comment vous êtes-vous orienté vers le métier de sage-femme ?
A vrai dire, j’ai découvert cette profession un peu par hasard. J’en ai entendu parler lorsque je prenais des cours de massothérapie. C’est une formation que j’ai décidé d’entreprendre pour me challenger, pour être au service de l’autre. Lors des cours, on nous a demandé de lire des ouvrages dont celui d’Isabelle Brabant « Une naissance heureuse ». Et j’ai eu une véritable révélation, c'est un livre extraordinaire ! J'ai pris le temps de me questionner, il a donné beaucoup de sens à mes réflexions. Cette lecture m'a « allumé », influencé pour m’orienter vers le métier de sage-femme.
J’ai alors décidé d’écrire à l’université pour m’inscrire à la formation de sage-femme. Quelques semaines plus tard, j'ai obtenu une réponse positive.
Pour de nombreuses raisons ce travail est fait sur mesure pour moi, j'avais tellement de choses à dire pour faire avancer les pensées courantes, pour aider les femmes à se réapproprier l'accouchement…
L'idée d'accompagner un couple dans cette période de la vie, c’est comme un grand plongeon pour vivre des moments intenses profonds, vrais, riches. Que cela fasse parti de mon quotidien est un pur bonheur !
Vous êtes le 1er homme sage-femme au Québec, les femmes ne sont pas trop habituées à être suivies par un homme et les sages-femmes à travailler avec des hommes...
C’est vrai, mais depuis le début de ma formation, les médias ont fréquemment relayé cette nouvelle. Les femmes ont appris à me connaître, tout comme les sages-femmes.
Votre histoire a été mise en lumière dans un documentaire, pouvez-vous nous en dire plus ?
Je me suis lancé dans ce projet parce que j'avais confiance en la réalisatrice. Je l’ai rencontrée par hasard quelques semaines après le dépôt de ma candidature pour la formation de sage-femme à l’université.
Nous avons pris le temps de discuter de ses objectifs, ce que le documentaire impliquait pour moi. J'avais confiance dans la vision de son projet parce que je voulais qu’il puisse servir à la pratique, que l'on parle des sages-femmes, que l’on réactualise la profession, que l’on démystifie le parcours des étudiants.
Pour autant, mener de front les études et ma participation au documentaire m’a demandé du travail. Il fallait orchestrer stages en régions éloignées à Montréal, les tournages, l’accord des femmes pour être filmés…
Le documentaire a été projeté dans plusieurs villes du Québec. Les étudiants se sont identifiés et j’en suis ravi ! Par contre, pour certaines sages-femmes, j’étais un peu « l’imposteur », celui à qui on accorde trop d’attention, celui qui prend la place des femmes.
Selon moi, ce film contribue à la profession, puisqu’il raconte les hauts et les bas, les pratiques en maison de naissance, il permet de mettre en lumière un métier encore méconnu au Québec. Lorsque je dis que je suis sages-femmes, beaucoup ne connaissent pas cette profession…
Un homme sage-femme (version courte) est diffusé sur unis.ca